Le Français remodèle les musiques qui ont formé sa jeunesse.
A quoi sert un album de reprises ? Généralement à dévoiler ses influences tout en démontrant qu’on a su les dépasser. Mentors Menteurs ! n’échappe pas à cette règle : c’est un touchant exercice d’admiration et une belle déclaration d’indépendance. Songwriter aussi discret que remarquable, Nicolas Laureau, alias Don Nino, abat ici tous les atouts qu’il avait déjà étalés dans ses deux premiers albums : des talents d’arrangeur qui se manifestent à travers de singulières mixtures de timbres instrumentaux et de fines inventions harmoniques, et une voix d’une blancheur idéale, capable de se couler dans toutes sortes de contextes, de formes et de langues.
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Puisant dans les disques qui ont formé son oreille, l’ex-Prohibition balaie un large spectre musical, qui le mène de Sonic Youth à Caetano Veloso via Syd Barrett, Bauhaus, les Beatles, Gainsbourg, Cure, Leonard Cohen, Madonna ou Prince… Mais au-delà de ce brassage esthétique, Mentors Menteurs ! est surtout une réflexion de haut vol sur la jeunesse éternelle de la chanson. Pourquoi certaines mélodies n’en finissent-elles jamais de se régénérer ? Parce que, répond Laureau, nous y entendons des choses que leurs auteurs eux-mêmes n’ont pas entendues.
C’est cette distance entre le créateur et l’auditeur, parfois infime et parfois gigantesque, que le Français explore, notamment dans ses piquantes recompositions de tubes comme Porque te vas, Kiss et Like a Virgin, parés de couleurs et de reliefs inédits. A elles seules, ces trois franches réussites résument l’humble et profonde morale de Mentors Menteurs ! : les musiciens passent, mais leurs œuvres, sans cesse remodelées par l’amour qu’on leur porte, ne meurent jamais.
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