Un couple idéal. Exilé à New York, le duo mixte et bilingue affine, affirme et affermit son style, sans en liquider la candeur. Quel crash ? A vaincre sans Perio, on triomphe sans gloire, n’ont pas dû manquer de s’aviser les perspicaces tenanciers de la maison Lithium, ce précieux refuge de hors-la-loi du marché, ce […]
Un couple idéal. Exilé à New York, le duo mixte et bilingue affine, affirme et affermit son style, sans en liquider la candeur. Quel crash ?
A vaincre sans Perio, on triomphe sans gloire, n’ont pas dû manquer de s’aviser les perspicaces tenanciers de la maison Lithium, ce précieux refuge de hors-la-loi du marché, ce bastion tenace résistant toujours et encore aux ruades répétées de la médiocrité défaitiste. Sitôt dit, sitôt signé, et le duo mixte franco-américain fit son apparition officielle, avec le brutalement délicat Icy morning in Paris, aux côtés de Dominique A et autres Diabologum durant l’automne 94. Depuis, rien ou presque un inédit par-ci, deux 45t par-là. Une telle discrétion s’apparentant de près à une haute trahison, à l’aune des exigences de rendement et d’occupation médiatique réglementant dictatorialement l’impitoyable univers de l’industrie musicale. Du (contre)coup, l’on peut craindre qu’aux plus jeunes lecteurs de ce magazine le nom de Perio n’évoque que pouic mais plus pour longtemps, foi de chroniqueur enflammé. En revanche, on peut légitimement penser que les bienheureux possesseurs de leur frappant coup d’essai, ayant réchauffé plus d’une matinée glaciale à Paris ou ailleurs, attendent de tympans fermes son successeur que voici enfin.
Avouons fissa que nous avons connu retrouvailles plus tristounettes et que l’exil, géographique destination USA ou temporel, n’a en rien entamé la prodigue synergie du couple au contraire. Quel ronchon de service osera nier l’évidence de l’affinement de leur style à l’écoute de ce gracieux Medium crash, où la rigoureuse clarté des compositions n’a de sérieuse rivale que la frémissante sensibilité des interprétations ? Quel coeur de béton armé pourra demeurer impassible face au charme de comptines aussi ravissantes que Billboard 2, Birthday cake, Billboard 1 ? Assurément, la subtilité des textures sonores l’atteste avec netteté, Perio a gagné en souplesse et en singularité ce qu’il n’a pas perdu en capacité de conviction émotionnelle. Question aguerrissement, il est un indice qui ne trompe pas : les influences matricielles (Throwing Muses, Neil Young, Sonic Youth…) se font ici plus secrètes, se devinent plus qu’elles ne s’affichent.
Autant dire que Medium crash, recueil de ballades trompeusement quiètes où la hargne ne demande qu’à surgir, nous touche, exceptions faites de deux ou trois glissades malencontreuses vers un college-rock trop policé pour être honnête. Ces légères bavures ne sauraient suffire à ternir vraiment un album de très belle tenue qui, de surcroît, peut se targuer de contenir en son sein un mini-tube potentiel, l’incisif Lopsided, savamment rehaussé par les jubilatoires glapissements onomatopéiques de Kurt Schwitters. De là à introniser Medium crash l’un de nos dadas du moment, il n’y a qu’un (tout petit) pas.
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