MC Scolaire Triste à voir. Repêché dans des fonds de tiroirs, le nouvel album du trop sage poète de la rue est une capitulation. MC Solaar nous gonfle. On pourrait abréger cette chronique en signalant qu’il vient de recevoir la Grande médaille de l’Académie française, couronnement suprême des petits fayots, des lèche-culs ainsi récompensés pour […]
MC Scolaire Triste à voir. Repêché dans des fonds de tiroirs, le nouvel album du trop sage poète de la rue est une capitulation.
MC Solaar nous gonfle. On pourrait abréger cette chronique en signalant qu’il vient de recevoir la Grande médaille de l’Académie française, couronnement suprême des petits fayots, des lèche-culs ainsi récompensés pour leur aisance à manier la langue officielle. L’académisme lui devait bien ça, pour tant de services rendus. Et la France aussi, qui a trouvé son rapper modèle, son sage poète de la rue Gama. Mais là, MC Solaar nous surgonfle. Môssieu le membre du jury du Festival de Cannes nous prend ouvertement pour des ânes. Juste avant l’été, alors que la France entière a d’autres shorts à fouetter, MC Dollar vide en douce ses tiroirs avec un faux nouvel album constitué des chutes du précédent qui n’était déjà qu’une longue chute comparé aux deux premiers. Ça sent à plein nez la fin de contrat, le besoin urgent de se soulager d’une créance, bref, ça sent l’arnaque. On peut toujours se consoler en pensant que seuls les profs de français achètent désormais les disques de MC Scolaire un peu comme des manuels de remise à niveau en matière de parler jeune , mais quand même, on n’est pas si loin ici du racket à la sortie des écoles. D’autant que MC Moraale pousse la misanthropie jusqu’à dénoncer la vilaine société consumériste qui gratte le fond des poches des ados (L’Argent ne fait pas le bonheur) quand lui-même les fait cracher plein pot pour un disque à moitié fini, un album de fin de soldes. Dire qu’on a été assez myopes pour voir en ce demi-sel un possible héritier de Gainsbourg, là où en réalité se planquait un futur Jean Dutourd grimé en vendeur de cravate, un Oncl’Bens qui colle de plus en plus aux bonbons : « A chacun sa nostalgie/la mienne c’était les colonies… » (La Vie n’est qu’un moment). Suivant comme un caniche la ligne molle et centro-centriste tracée par Paradisiaque, on le retrouve en enfileur de rimes chic et tocs, d’allitérations atterrantes, de formules bêtement mathématiques, débitées à la hâte. Dans la famille Perec, il voulait Georges et il a pioché Marijo. Pas glop. Petit extrait de ce catalogue de frime en papier glacé : « Dans le monde du rap, je suis le claudimat, je représente la rime hexagonale, populaire, littéraire… » Ne l’appelez plus Flaubert mais MC Bouvard ! Musicalement, ce quatrième album est une somme de non-idées summum de la non-idée, le sample archi éculé de L’Homme à l’harmonica de Morricone sur Le 11ème commandement , une collection de beats pour autotamponneuses et discomobiles de fête des pompiers. La plupart des titres ont le son des demos casseroles telles qu’on n’en trafique même plus sous les préaux de Saint-Denis. Avec le MC des CM1, c’est même plus le retour à la Old-school, c’est carrément l’école communale. Morale de cette histoire pas drôle : « Qui sème du vent récolte un coup de pied au cul. »
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