La Fondation Cartier organise la première exposition personnelle en Europe de l’Américain Matthew Barney qui, à 28 ans, enchaîne les manifestations prestigieuses et s’est vu décerner le prix Europa 2000 du meilleur jeune artiste à la Biennale de Venise en 1993. Les objets, dessins et photographies présentés à Paris sont liés à Cremaster 4 (1994), […]
La Fondation Cartier organise la première exposition personnelle en Europe de l’Américain Matthew Barney qui, à 28 ans, enchaîne les manifestations prestigieuses et s’est vu décerner le prix Europa 2000 du meilleur jeune artiste à la Biennale de Venise en 1993. Les objets, dessins et photographies présentés à Paris sont liés à Cremaster 4 (1994), sa dernière oeuvre vidéo, filmée sur l’île de Man à laquelle il emprunte son folklore, ses armoiries, ses couleurs. Jusqu’à une curiosité naturelle, le bélier Loghtan à quatre cornes, une paire ascendante et une descendante, symbole de la convergence des contraires. Le titre vient de l’analogie formelle entre la disposition des cornes du bélier et celle des muscles Cremaster des organes génitaux, soutien des testicules. Sur le mode dramatique, deux side-cars au design futuriste s’affrontent dans une joute autour de l’île. L’artiste intervient dans la course en tant que « candidat Loughton », sous les traits d’un homme-bélier au complet beurre frais, accompagné de Trois grâces androgynes et rousses dont reste le Déjeuner sur l’herbe. Faite de rapprochements, de superpositions multiples, l’oeuvre est résolument tordue dans son concept. Et parfaitement clean dans sa technique ces images ne dépareraient pas le book d’une agence publicitaire. Mais elle retrace une geste contemporaine, au sein d’un univers imaginaire où se combinent et contrastent les sexes, la terre et l’eau, la vitesse et le rythme muet des claquettes.
Valérie Séguéla