Avec son second album, la Française ravit à coups de piano-voix mélancolique et de poésie crue.
Ici, la pop est synonyme d’addiction. Celle de Marie-Flore à l’amour, fût-il toxique. Et la nôtre à ses mélodies accrocheuses : on ne peut pas écouter Braquage une seule fois, on y revient vite, comme pris en otage par la chanteuse, qui se réinvente ici entièrement. Retour rapide sur son passé : enfance en banlieue parisienne, un prénom choisi par ses parents en l’honneur d’une chanson de Joan Baez, le conservatoire dès l’enfance au violon alto, écriture adolescente de chansons.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
A la vingtaine, elle débarque à Paris avec l’idée de travailler dans la politique – les punchlines, elle connaît. Un jour, Marie-Flore saisit une guitare pour s’accompagner et un manager la remarque. Ciao les études, bonjour la scène, avec les premières parties de Baxter Dury ou Peter Doherty. Guère étonnant : la jeune femme chante en anglais des titres sous inspiration Velvet et Leonard Cohen.
La zone de confort, très peu pour elle
Un premier album, By the Dozen, paraît en 2014. Quelques mois plus tard, elle revient sans préavis avec des chansons francophones, dont le merveilleux Palmiers en hiver. Il ouvre la porte à un ep, Passade digitale (2017), où se révèle une nouvelle Marie-Flore, qui s’est mise aux claviers en souhaitant “briser le plafond de verre” de sa production.
La voilà aguerrie à une pop hexagonale qu’elle ne connaissait que par ses effluves gainsbourgiens : “Passer au français m’a procuré une immense liberté de ton, je ne cherchais pas à sonner comme des références que je n’avais pas.” La zone de confort, très peu pour elle. En témoignent les paroles de Braquage, à la poésie abrupte, voire crue. 100 % autofictionnelle, trempée dans les samples et les larmes d’un amour malheureux.
“On m’a souvent dit que c’était plus masculin de parler de sexe, surtout en français, explique Marie-Flore. Mais cette radicalité n’était pas préméditée, c’est mon histoire qui l’a provoquée. Depuis mes débuts, je n’écris que sur mes amours. Pas de posture.”
Entre piano-voix mélancolique et urbanité canaille, chaque chanson est différente. On a affaire à l’album inclassable d’une perfectionniste et on pense, dans un tout autre genre, au Blue de Joni Mitchell, qui, elle aussi, racontait sans fard ses complications amoureuses. C’est ce qui s’appelle un kidnapping réussi.
En concert le 25 novembre, les 2 et 9 décembre, Paris (Les Etoiles), le 7 novembre, Saint-Lô , le 17, Lyon, le 29, Bruxelles
{"type":"Banniere-Basse"}