La musique enregistrée s’est mieux vendue au premier trimestre 2010 qu’en 2009, selon le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep). Des chiffres qui contredisent fortement ceux de l’Observatoire de la musique.
Le marché du disque va mieux. Il se porte même assez bien si l’on en croit les chiffres du premier trimestre 2010 publiés par le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep). Pour une surprise, c’est une surprise. Car il y a dix jours à peine, le rapport de l’Observatoire de la musique indiquait carrément l’inverse.
Selon le Snep, non seulement le marché de gros de la musique enregistrée (CD, DVD, numérique) en France a augmenté de 8% pour atteindre 128,6 millions d’euros au premier trimestre par rapport à 2009. Mais le marché physique, c’est-à-dire juste les CD et les DVD, se maintient et progresse même de 4,3%, à 105,5 millions d’euros.
Dans son rapport sur les ventes de 2009, l’Observatoire de la musique était, lui, beaucoup moins optimiste, parlant d’une baisse de 8,4% du chiffre d’affaires de la musique enregistrée et d’une chute de 10,2% des ventes de CD et de DVD.
Différence de méthodologie ou mauvaise foi ?
Comment en arrive-t-on à de telles disparités ? « Nous avons le même fournisseurs de données, explique André Nicolas, le responsable de l’Observatoire de la musique. En revanche, la méthodologie de comptage est différente. Le Snep comptabilise la facturation des majors aux distributeurs. C’est un prix de gros hors taxe. Nous, on prend en compte ce qui va vraiment dans les caisses, les chiffres des ventes en fait. »
Ce que confirme le directeur du Snep, David El Sayegh : « Nous travaillons sur le livré. Il peut donc y avoir des retours des invendus, mais on en tient compte. » Pour lui, ces écarts tiennent au fait que les données de l’Observatoire ne sont « pas exhaustives. Elles ne prennent en compte ni le e-commerce, ni le streaming -qui a doublé- par exemple. Nous passons, certes, par le même fournisseur de données pour le top 200 des meilleures ventes. Mais nous réalisons également nos propres observations. »
« On constate un ralentissement de la dégringolade »
Reste qu’André Nicolas, de l’Observatoire de la musique, maintient que la tendance ne s’est pas inversée. « Le disque ne repart pas. Au mois de mars, les disques de Christophe Maé et des Enfoirés ont très bien marché et ont bénéficié d’une large mise en place dans les magasins. Ca peut expliquer les bons chiffres du marché physique. »
De son côté, David El Sayegh reste prudent : « Ce qu’on constate, c’est un net ralentissement de la dégringolade. Ce qui ne veut pas dire qu’on soit sorti d’affaire. Pour le marché physique, il faudra voir sur le long terme. Mais ces chiffres sont encourageants. »
« Quand on a dû annoncer des baisses de 25%, comme en 2007, on l’a fait ! » s’exclame le directeur du Snep pour couper court aux soupçons de mauvaise foi. « Et nos chiffres sont audités par chacune des maisons de disques. »
Le Snep et l’Observatoire s’accordent tout de même sur certains points. Tous deux confirment, par exemple, que le single est à l’agonie et que le marché des sonneries mobiles arrive en bout de course. Qu’on se rassure donc, l’essentiel est préservé.