La techno minimale d’un doux rêveur en exil en Provence.
Entre son fabuleux remix du When Will I Be Famous de Bros et les cascades de bpm qui tabassaient son premier album Bravo (2003), on avait connu Sascha Funke plus rentre-dedans, plus club. L’esprit frappeur du label Bpitch Control de la Berlinoise Ellen Allien aurait-il découvert la fumette ? Mieux : c’est dans la torpeur fiévreuse d’Aix-en-Provence que ce producteur berlinois a mûri Mango. Dès le prélude, il fait grand soleil. Mais pas du genre à se tapir dans l’ombre. Plutôt à sortir le pastis pour l’apéro… De jolies boucles sereines s’enivrent en crescendo à la convergence intense de la pop la plus émotionnelle et de la techno la plus deep. Pétri de beats incisifs sur des synthés en reverb, We Are Facing the Sun ouvre la danse, mais déjà les nappes droguées de Feather ramènent à terre. On en appréciera que mieux le bavardage des cigales sur Summer Rain, ses guitares cristallines, ses sons liquides, ses orages en échos. Signe évident que la lumière ne guérit pas complètement la mélancolie, une voix spectrale invoque encore ses vieux démons via le très minimal Double-Checked. Ce n’est pas non plus un hasard si ce disque magnifiquement protéiforme fait un clin d’œil à Billy Wilder (The Fortune Cookie Symphony). Truffée d’acteurs impromptus – éléments naturels ou instrumentaux, batterie éclair, piano cosmique et basse cold à l’appui –, la musique aléatoire de Sascha Funke se vit comme on regarde un film : tous les sens écarquillés.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}