Au-dessus des orages soniques, Neneh Cherry continue son escalade en plein soleil. Sans corde ni filet. On passera rapidement sur la présence au générique de 7 seconds, méga-hit partagé l’an dernier avec Youssou N’Dour, dont l’insertion devrait suffire à aiguiller le grand public sur ce Man en forme de couronnement commercial. Juste retour des choses […]
Au-dessus des orages soniques, Neneh Cherry continue son escalade en plein soleil. Sans corde ni filet.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
On passera rapidement sur la présence au générique de 7 seconds, méga-hit partagé l’an dernier avec Youssou N’Dour, dont l’insertion devrait suffire à aiguiller le grand public sur ce Man en forme de couronnement commercial. Juste retour des choses que de voir le plus imposant succès de Neneh Cherry celui qui lui aura permis d’attendre paisiblement la lente maturation de son troisième album figurer sur un disque par ailleurs assez détaché des contingences mercantiles. Parce qu’une fois refermé l’introductif Woman, réappropriation légitime de la ligne trip-hop, gare aux surprises : agréables l’excellente tenue générale des chapitres mélodiques et rhétoriques ou moins plaisantes une curieuse frilosité instrumentale, ce refus d’entrer dans la grande course mondiale à l’inventivité musicale. Pour les grandes man’uvres et les petites révolutions, aller voir ailleurs : la famille Cherry ne donne guère dans l’exploration sonique, préférant consolider tranquillement les bases jetées avec ses deux premiers albums. Ce qui passe évidemment par la reconduction des principaux fondements : gros son de basse joufflu fondu dans une batterie strictement métronomique, soulignée des incontournables claps de mains. On comprend que Tricky, l’incorrigible agitateur de sons, ait quitté ce navire trop confortable, ne cosignant plus que l’imposant Together now seul contre-pied notable de l’album. Ailleurs, et si l’on garde à part les rondeurs hispanisantes de Golden ring, Neneh Cherry donne surtout dans le Neneh Cherry. Inimitable voix de fauve indomptable, terriblement sensuel et frondeur, pas plus trip-hop que rap, plutôt soul avec ici un hommage appuyé au très beau Trouble man de Marvin Gaye. Si Portishead a lancé l’ascension par la face nord d’une montagne musicale aux contours équivoques, alors Neneh Cherry et son exemplaire sherpa Cameron McVey proposent la même escalade par sa voie sud, loin des vents et des brouillards. Montée à rythme humain, loin des glaciers et des crevasses, de chaleureuses guitares jalonnant le parcours. Mais montée que l’on ne peut s’empêcher d’admirer, avec l’imperturbable considération réservée aux gens de principe, aux gens d’honneur. Par on ne sait quel miracle, Neneh Cherry s’en tire toujours avec les honneurs, même lorsque ses albums peinent à prolonger la grâce entretenue par ses exemplaires singles. Peut-être le privilège de la beauté du corps et de l’âme.
{"type":"Banniere-Basse"}