Deux ans après « Un », Malik Djoudi réussit un retour gagnant avec un second album convoquant des fantômes noctures sous haute influence Daho, avec lequel il partage un beau duo.
En 2017, l’Hexagone découvrait la pop synthétique de Malik Djoudi sur un premier album inspiré et autoproduit chez La Souterraine, avant d’être réédité par Cinq7 (le label refuge de Dominique A, Bertrand Belin ou Katerine). Derrière l’addictif single Sous garantie, on devinait aisément une filiation avec Etienne Daho, croisée avec l’électronique audacieuse de James Blake. Dégageant un magnétisme rare, Malik Djoudi finit d’enthousiasmer sur scène dans une formule en binôme qui se situe à mi-chemin entre beats electro et mots bleus. On ne transfigure pas Cambodia de Kim Wilde, antienne de l’an 1981, par hasard.
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Chercher sa voie
Pourtant, l’auteur-compositeur-interprète n’était pas le perdreau de l’année. Depuis une décennie, on suivait la trace de Malik Djoudi dans des formations poitevines successives (Moon Pallas, Alan Cock et Kim Tim) où il chantait encore dans la langue de Connan Mockasin, l’un de ses héros, mais où surtout il cherchait encore sa voie.
“Au retour d’un voyage au Vietnam l’été 2015, sur les terres de ma grand-mère maternelle, j’ai enfin eu le déclic. Revenu à Poitiers derrière mes machines, les premiers mots me sont venus spontanément en français. Depuis, je n’écris plus dans une autre langue.”
Changements
En ouverture de son second album, Malik Djoudi annonce la couleur : “J’lésine en bleu jean”. Faussement nonchalant mais foncièrement réservé et perfectionniste, le chanteur tient du caméléon, qui change de peau à chaque morceau. Un garçon plein de tempéraments, conseillé par le musicien Amaury Ranger (Frànçois & The Atlas Mountains) et entouré par Ash Workman (Metronomy, Baxter Dury) pour le mixage d’un disque parmi les plus attendus du printemps (et plus, si affinités).
Dans une scène pop largement encombrée et mal exposée sur les ondes radiophoniques, Malik Djoudi tire sa singularité d’une voix androgyne et d’un soundwriting étincelant. Chez lui, les textures sonores ont autant d’importance que les rimes riches. Du single Tempérament en ouverture au Train de nuit conclusif, le néoquadragénaire convoque sa jeunesse passée (Autrement), les fantômes nocturnes (Epouser la nuit, entêtante plage pleine d’effets réverbérés), des amours évaporées (Dis-moi qu’t’y penses).
En duo avec Daho
Dans la seconde partie du disque, Malik Djoudi devient plus essentiel, enfilant les perles mélodiques (Belles sueurs, Folie douce) comme les hits potentiels (Aussi jolie, quatre minutes extatiques). Avec la caution artistique et vocale d’Etienne Daho, dont il a déjà repris les tubes Des heures hindoues et Comme un igloo, le chanteur s’offre même un duo transgénérationnel dont il a dû rêver maintes fois pendant ses nuits blanches. Bien nommé A tes côtés, ce titre voit leurs deux voix se mélanger harmonieusement, un peu comme si le parrain de la pop française passait publiquement le témoin à l’un de ses plus brillants fils spirituels.
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