Au-delà du dubstep et aux confins de la pop, un album anglais trois-en-un :
l’énergie, la tension et la sensualité. Chronique et écoute.
Ils s’en tirent avec une pirouette : “Nous ne faisons pas de la pop-music, mais notre musique est populaire. Nous ne pouvons pas changer ça.” On se dit quand même qu’il y a bien quelque chose d’intentionnel derrière “ça”. Qu’Artwork, Benga et Skream, alias Magnetic Man, ont sciemment décidé de sortir le dubstep de la cave et de l’attirer vers le salon. Il était temps.
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Le succès du premier album du trio, propulsé dans le top 5 britannique, rend justice à des années de militantisme pro-bass. Sous les stroboscopes : pas vraiment dans l’ombre, jamais totalement dans la lumière. Après de longs mois de rodage en tournée, les trois se sont enfermés dans un manoir de Cornouailles pour enregistrer. “Nous avons quitté Londres pour fuir la distraction. Parce qu’il nous fallait travailler comme un collectif et qu’à Londres, c’est impossible”, raconte Skream.
Le résultat n’en est pas moins urbain, alternant des tunnels lourds, creusés au marteau-piqueur, classiques du genre, et des chansons à réveiller un club entier. Exit les structures trop complexes, retour à l’essentiel : “Le 140 bpm, c’est notre identité”, défend Benga. Si Magnetic Man est le plus radiocompatible de leurs projets, c’est que face à la propagation du virus dubstep, à l’accueil qu’ils reçoivent où ils passent, les Anglais se sont décomplexés. “Nous savons ce qui fait danser les gens. Nous avons expérimenté comment la musique peut changer l’humeur, les émotions.”
En cours de création, si l’un d’eux levait les bras en l’air, les autres jugeaient qu’il y avait là une piste à suivre. Les chanteuses ont aussi été partie prenante de la fabrique des singles. Katy B, âgée de 20 ans, a séduit jusqu’au père d’Artwork, qui en a 65 : “Après l’un de nos concerts à Londres, il a dit qu’il la trouvait brillante. Elle sait se connecter avec le public. Ce n’est pas une pop-star. Elle a juste le truc.” “Ça”, le truc magnétique que chante John Legend en fin d’album. La classe.
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