En 25 minutes et 10 morceaux arides, l’Américain mystique redéfinit sa propre magie : magistral. Critique et écoute.
omme un moyen de conserver le contact avec les sphères spirituelles et mystiques auxquelles Sumach Ecks semble avoir accès, MU.ZZ.LE a été écrit en tournée -émotions violentes, rythmes durs, sociabilité totalitaire, contraintes sans doute folles pour un type que l’on décrit volontiers comme plutôt secret.
La route de ce deuxième album, suite du phénoménal (au sens propre du terme) A Sufi and a Killer de 2010 et d’un récent maxi balancé aux quatre vents sur le net, est courte : la majorité de ses 10 morceaux ne dépasse pas 120 secondes et, sans l’aide de ses Pygmalions Flying Lotus ou Gaslamp Killer, autoproduit dans sa retraite minérale et rocailleuse du désert de Mojave, MU.ZZ.LE est économe en moyens.
Les chemins empruntés par ce vrai faux mini album ne sont pourtant pas plus rectilignes, plus simples, moins dédaléens que ceux de son prédécesseur et, comme eux, ils mènent à l’extase physique et sensorielle. Le voyage vers le beau est ici, en revanche, beaucoup plus direct : ces 25 minutes embrumées sont en réalité 12 éternités et 13 univers, cette soul cosmique, ce hip-hop fracassé, ces samples vaporeux et ces chants spirituels, âpres et amers constituent un pendant pur, minimal, aride d’A Sufi and a Killer. Une redéfinition, magistrale car plus digeste sans doute, de la complexe sorcellerie de Gonjasufi.