Légende vivante d’une pop très londonienne, Madness revient avec un album qui sonne comme un best-of.
[attachment id=298]Une valse lugubre, comme on pourrait en entendre derrière une adaptation TV des Grandes Espérances, sert d’introduction à ce qui ne tardera pas à apparaître comme un antre miraculeux. Dix ans après le léger Wonderful, dernier album où figuraient des compositions originales, Madness reçoit à nouveau à domicile, dans ce Londres populaire un peu borgne et tellement plus exaltant que celui des traders et des spéculateurs immobiliers.
Du quartier de Norton Folgate, autrefois enclave des jouisseurs, artistes et métèques de tous poils, il ne reste aujourd’hui qu’une bretelle d’asphalte menant à la City. Et donc, désormais, une fresque de dix minutes qui clôture en majesté le neuvième album du groupe le plus londonien du monde. Avant cette pièce maîtresse, une douzaine de chansons – et autant en bonus sur la version luxe de l’album, disponible via internet – auront déployé l’éventail le plus vaste possible des combinaisons musicales dont Madness a déposé les brevets depuis 1979.
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Dès les premières mesures de We Are London, réappropriation affable de leur territoire favori, les sept gaillards unis comme un seul oublient l’âge de leurs artères pour se lancer dans une étourdissante farandole pop, ska, reggae et musichall avec l’élasticité retrouvée de leurs plus belles années. Sugar and Spice, qui isole dans son titre ces saveurs prodigieusement préservées, retrouve l’effervescence d’Embarrassment, Madness ne résistant jamais à la gourmandise de l’autocitation sur un album qui ressemble souvent à un best-of constitué de nouvelles chansons.
Clive Langer & Alan Winstanley, les architectes du son de l’époque, sont également de cette bluffante entreprise de ravalement, tandis que la transfuge du Special AKA, Rhoda Dakar, hante de sa présence vocale toujours intimidante l’impressionnant On the Town, qui croise rock-steady et pop symphonique. Sans fausse illusion ni volonté démago de coller à l’époque, Madness redéploie juste son petit théâtre burlesque, acide et tendre, et à vrai dire on n’en demandait pas plus.
Album : The Liberty of Norton Folgate (Lucky Seven/Naïve)
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