la sensation pop britannique déroule ses historiettes aux textes vaches et piquants.
Celle qui voulut tout d’abord devenir actrice mais qui s’est découverte conteuse d’histoires en se brisant une (belle) jambe est, elle aussi, une enfant de MySpace. Une poignée de morceaux, quelques concerts, un clavier et dix doigts puis l’explosion – l’amour des uns, les moqueries des autres. Une prise directe avec les petits chaos sentimentaux, avec ce qui se débat et se heurte dans les têtes et les cœurs des petits camarades de sa génération : probablement tout le sel des textes, excellents, de Kate Nash.
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Comme Kate Bush, Björk, Le Tigre, Peaches ou Regina Spektor, dont elle est une zélatrice et cousine acidulée, l’Anglaise est une grande parolière. Vachards, drôles, intimes ou tordus, ses textes n’émanent pas du féminisme de combat, pas plus que d’un succédané du girl power pop à l’anglaise. Ils sont du piment dans les rouages de plus en plus complexes des relations entre ados ou postados en difficulté, adultes flippés en devenir, et ne revendiquent qu’en biais, à la marge. On y croise autant de filles terrorisées par leur image (sa chanson Mouthwash) que de garçons pas encore libérés des vieux schémas poilus. Des dominés et des dominants, ceux qui se font bouffer et les cannibales – tous genres confondus.
Sautillant d’une pop bondissante et piquante à un songwriting plus classique, décrit par l’intéressée comme du “storytelling éclectique”, Made of Bricks, son brillant premier album, est ainsi une formidable collection de petites histoires de vie, de personnages inventés, de garçons dégueulasses (Dickhead) et de filles pas forcément mieux. La bile de relations qui ne fonctionnent que dans le conflit (Foundations), des contes burtoniens qui permettent de mieux dire le monde réel (Skeleton Song, ou Mariella, histoire étrange d’une fille aux lèvres collées). On goûte, à chaque ligne de chaque chanson Made of Bricks, à une subversion aussi discrète qu’extraordinaire.
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