Made-in-Bel-Gique?! : un week-end indiscipliné aux couleurs changeantes, comme le ciel des Flandres…
Non, ce n’est pas une blague. Pour son quatrième week-end à la Ferme, José Manuel Gonçalvès nous embarque pour la Belgique. Ce n’est pas la distance géographique qui crée le dépaysement. Simplement, l’incroyable densité créatrice qui caractérise les arts vivants outre-Flandres. Outre le fait que sont programmés spectacles de théâtre et de danse, une sélection de films (dont une avant-première de Wild Blue de Thierry Knauff, réputé pour la conception sonore et l’utilisation du noir et blanc de ses courts métrages), une exposition de Patrick Corillon et plusieurs concerts, toutes ces formes sont brassées d’un spectacle à l’autre, considérées comme autant de formes-matériaux agissant sur et dans la structure des pièces. Pour autant, pas une proposition qui ne ressemble ici à une autre. Comme si le bilinguisme et les difficultés éprouvées entre Wallons et Flamands ne pouvaient que susciter un farouche besoin de confrontations et d’échanges.
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Pour les butineurs de week-end, nous conseillons vivement de réserver une table à Peep and Eat, de la compagnie Blauw Vier d’Anvers. Leur théâtre culinaire est tout sauf indigeste et leur cuisine tournante un réservoir à surprises quasi-inépuisable. Les routards peuvent partir Sur les traces d’Oskar Serti de la compagnie Grand Guignol, dirigée par Dominique Roodthooft, en grimpant dans leur car pour une excursion en ville, sous la houlette de deux guides accompagnateurs. Au retour, place sur les transats éparpillés dans la Ferme pour des pique-niques musicaux, à moins que vous n’ayez résolument la bougeotte. Alors, grimpez à bord du bus double-decker anglais conduit par les électroniciens Yann Paccalin (Aka Skymarshall) et Fred Bourton qui sillonneront la Seine-et-Marne.
On pourrait continuer ainsi, la liste est longue (8 spectacles, 4 chantiers de création) et donne envie de présenter tous les artistes. Signalons SC 35 C de la compagnie Victor B./Namur Break Sensation qui malaxe breakdance, théâtre, musique et arts plastiques, Wayn Storm avec sa pièce homonyme qui creuse sans retenue une théorie toute personnelle, révélée dans son Manifeste du théâtre de l’animalité ou le superbe Needcompany’s King Lear de Jan Lauwers.
S’il faut mettre l’accent sur un projet, c’est sans conteste Au fond du bois, superbe élégie pour sept interprètes écrite et mise en scène par Eric De Volder et Dick Van der Harst, inspirée par l’affaire Dutroux. Pas une once de voyeurisme : les sept mères qui pleurent leurs enfants, maquillées comme des poupées russes, à la voix haut perchée et au corps encombré de vêtements informes, nous font le récit de l’horreur sans éprouver le besoin de la disséquer sous nos yeux. Formidable travail collectif à partir d’un drame collectif, c’est le conte le plus noir qui se puisse imaginer, mais c’est dans la lumière du dire et du chant qu’il se rend accessible à tous.
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