La tournée américaine des turbulents Liars vient tout juste de débuter. L’occasion pour nous de suivre cette épopée au travers des yeux de Karine, journaliste française accompagnant le groupe à travers les Etats Unis. Suivez ces aventures semaine après semaine. Deuxième épisode aujourd’hui avec son journal de bord, en photo, du 31 mai au 5 juin, d’Albuquerque à San Francisco?
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Albuquerque semble figé. Rien n’y bouge.
Toute la journée pour en profiter.
Direction le mall du coin : breakfast et petites emplettes.
Julian est le roi du shopping. Aux US, tout se négocie, il m obtient un deal inespéré sur un appareil photo.
Bien décidés de ne pas passer notre temps libre devant la télé, Paul, Aaron et moi partons explorer un site d’ancestrales peintures indiennes. Le soleil de plomb sabote cependant rapidement notre envie de d’activité.
Depuis plusieurs jours, nous traversons des villes fantômes. Personne dans les rues, ni piétons, ni voitures. La chaleur, les vacances ? Sorti d’on ne sait trop où, le public finit pourtant toujours par arriver. Mais ce soir, le bar peine à se remplir.
French touch inattendue : Air en fond musical.
On ne laisse pas abattre. Au New Mexico, de burritos, nous nous gaverons, nous reste juste à trouver le bon resto.
Angus, resté à la salle pour trouver l’isolement dont il a besoin avant de monter sur scène, a oublié sa carte d’identité. Pendant notre absence, il affronte les barmen qui
1/ ne veulent pas lui servir de bières
2/ l’incitent à quitter les lieux.
Nous le retrouvons furibond, relégué dans le placard surchauffé qui nous sert de loge.
Set écourté. Jamais, nous n’avons si vite remballé. Demain un long trajet.
Départ 10 heures. Nuit courte.
8 heures de route à avaler et un concert dans la foulée.
L’Arizona est magnifiquement dépaysant et chaud comme l’enfer, plus de 40°. Désert, champs de cactus, montagne de pierre rouge. N’y manque que les indiens et John Wayne. L’air conditionné fait chauffer le moteur, on devra s’en passer, on n’en est plus à ça près.
Arrêt fast food en plein désert où les petits hommes verts sont passés. Si c’est vrai ! On nous le promet!
Angus tente d’annuler par de fins stratagèmes la date d’Eugene, trou paumé, qui nous privera d’un day off à San Francisco. Sans succès.
Tempe est en banlieue de Phoenix. Premiers embouteillages et palmiers.
18h00: La Salle, load-in, sound check.
Des malabars en short nous accueillent avec un air de « j’m’en fous, vlà un énième groupe ». Peu concernés par notre arrivée, ils font hurler dans le club un hard rock aussi musclé que leurs biscotos tatoués. Paul craque le premier et demande de stopper.
Je suis en rupture de stock de T-shirts grande taille. Dommage, les gaillards XL ne manquent pas aujourd’hui.
2 heures de route, les doigts dans le nez.
Tout le monde est crevé. Le van devient dortoir. On a définitivement perdu toute notion de jour, date et heure (nous avons changé plusieurs fois de fuseau horaire ces derniers jours). Seul repère solide de notre quotidien, l’heure de départ de l’hôtel.
Le nombre de concerts s’allonge, la mémoire se raccourcit
Tucson est un repère de hippies, cerné de montagnes et de déserts.
La rue historique où se trouve la charmante salle qui nous accueille embaume le patchouli. Macrobiotiques, friperies, boutiques de skeuds, quelques punks à crêtes … Légère sensation de quatrième dimension.
Le monde est petit. Un exemple
Breck, (et non pas Brett, sorry, j’avais mal compris) chanteur des Apes me raconte son séjour en France. Ses 2 villes de destination : Pont Aven et Brest. Paris ? Non. Pont Aven et Brest ! J’ai grandi à Brest.
Départ 10 heures, manque de sommeil. 7 heures de route.
Désert de dunes et cailloux. La chaleur à nos trousses.
La Californie est le seul état avec frontière. Les douanes nous arrêtent. Avec notre van noir, une française et deux australiens à bord, nous sommes totalement suspects.
Les Rabbits nous rejoignent pour les 9 concerts de la côte ouest. Amis des Apes, les Liars ne les ont jamais entendus auparavant. Le rock burné du trio nous laisse totalement circonspects’ Trop tard pour changer d’avis, singes et lapins, notre ménagerie s’agrandit.
Arrivée de nouveaux T-shirts.
Julian et Aaron sont ici presque chez eux. Les amis, connaissances et musicos sont nombreux. Pas de loges où se planquer. Le stress monte.
L’occasion pour moi, de recroiser quelques gars d’Album Leaf et Gogogo Air Heart, galériens qui ont dans le passé squatté de mon parquet parisien. Un français, l’air totalement paumé dans la faune bariolée de la Casbah, me demande du feu. Il est au bord des larmes en découvrant que je suis aussi du pays. Pour 2 mois à San Diego, il a du mal à se faire à la côte ouest et sa dictature de cool attitude.
Boudé depuis quelques jours, « Territorial pissings » réapparaît en fin de set. Les gars ont été un peu dégoûtés de découvrir qu’Animal collective avait inclus sur son nouvel Ep une reprise de Nirvana.
Hôtel à Hollywood, 2 heures de route, au lit à 4h30.
3 nuits à passer au même endroit, grand luxe !
3 JUIN, LOS ANGELES, CALIFORNIE
Los Angeles est une date importante.
1/ Ville stratégique pour le « business »
2/ Ville de résidence de Julian et Aaron
Notre hôtel, écrasé entre buildings et centres commerciaux, est un havre de paix à 2 pas d’Hollywood boulevard et du Chinese Mann Theater où Freddy Kruger, Dark Vador et autres XMen de pacotille harcèlent le touriste ravi.
Jeremy comme un chien fou découvre pour la première fois L.A. Angus râle, la cité des anges n’est pas pour lui, les embouteillages le rendent dingue.
La Californie est un état de liberté contrôlée. Mickael, régisseur maousse costaud du mythique Troubadour (ouvert depuis 1958) nous briefe avant de nous lâcher les pass « all access ». Son speech de règlement intérieur tient de la lecture des droits d’un condamné et des consignes de sécurité d’un avion avant décollage. Et il en a des heures de vol le bonhomme ! On ne bronche pas. Il va me réclamer 15% du montant de mes ventes de T-shirts et a déjà fourré son nez dans mes cartons pour les compter. Impossible ici de s’enfuir, cette salle est trop importante. Le secret pour s’en tirer ? Planquer des T-shirts dans un sac à dos et les ajouter au cours de la soirée.
Satisfaction de la journée :
Malgré les concerts d’Arctic Monkeys et Pretty Girls Make Graves, Le troubadour annonçant une jauge officielle de 300 accueille ce soir 510 personnes. Du bon gros Sold out !
Pomona se trouve à 40 minutes au sud de Los Angeles.
Aaron et Julian sont depuis 2 jours chez eux, nous ne les retrouvons qu’aux balances. Un p tit air de vacances bienvenu pour tout le monde.
Déjeuner avec Juan, bassiste des Mars volta et sa femme. Paul a été leur tour manager et moi, leur marchande de T-shirts sur quelques tournées. Potins et ragots sur rockeurs divers et variés.
Aux US tout se négocie 2 : Après avoir sérieusement râlé pour une attente exagérée, Juan obtient une remise de 50% sur l’addition.
Allez, je vous fais rager, j’ai écouté un titre du prochain Mars volta. Y a du solo de guitare au kilo ?
Question récurrente de mes « clients » chéris mais indécis devant un « Medium » et un « Large » : « est-ce qu’ils rétrécissent ?» Qu’est-ce que j’en sais ! Leur question prend aujourd’hui un sens. J’utilise pour la première fois la machine à laver et le sèche linge dispo à l’hôtel. Je récupère mes vêtements format 10 ans.
Concert un peu tristounet, le glasshouse est énorme, et en ce dimanche de vacances pas grande affluence. Un japonais explose cependant mon chiffre d’affaire en m achetant 20 T-shirts probablement très prochainement en vente à un prix exorbitant au pays du soleil levant.
Les parents de Julian, fans fervents, sont comme hier présents. Sa maman nous a préparé une montagne de cookies à emporter.
Spectateur de marque, le chevelu King Buzzo des Melvins. Les Liars cherchaient un ingé son pour la finalement unique date à Los Angeles en première partie des Flaming Lips. Ils l’ont trouvé. Ils emprunteront celui du cultissime trio.
Départ 10 heures. 6 heures de route
Droite et monotone à n’en plus finir, la Highway 5 file vers le nord dans des prairies grillées.
Nous avons élu la chaîne In-n-out, fournisseuse officielle de hamburgers à nos estomacs experts en la matière. Indéniablement les meilleurs de la côte ouest.
Une interview attend les Liars à l’arrivée. Nous suivons à la lettre les indications de notre GPS adorée. Grosse déconvenue à destination, mauvaise adresse entrée, nous sommes dans une partie de la ville totalement opposée. Le soundcheck nous attend, interview reportée.
Décision votée à l’unanimité, nous resterons demain toute la journée à San Francisco, quitte à faire les 10 heures de route qui nous séparent d’Eugene le jour du concert.
Nous avons perdu en quelques heures 20°. Les tongs sont rangées.
Le Phoenix motel à la déco colorée (entre 50s et psychédélisme), spécialisé dans l’accueil du groupe en tournée, sera notre repère pour deux nuits. Sa cour est en fin de soirée envahie par des rockeurs qui y finissent leur virée. Nous y retrouvons Pretty Girls Make Graves.
Concert archi complet, une queue de sans ticket patiente à l’entrée. A la tête du client, la sécurité refile quelques billets.
Demain, vraie journée de relâche, sans kilomètre, sans concert. La première de la tournée.
Suite au prochain épisode
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