Les Francos de Montréal ont débuté hier, une semaine de concert qui va laisser des traces sur l’organisme, c’est sûr. Premier épisode ici
C’est parti pour les Francofolies de Montréal. On récupère les accréditations à la salle de presse, auprès du magnifique Hugo Leclerc, qui nous envoie des vannes très méchantes sur les Français. On dit OK Hugo Leclerc, mais le Canada ils sont où à la Coupe du Monde, hein ? On boit ensuite une bière avec le programmateur Laurent Saulnier (ou plus je ne sais plus), on avale quelques sushis en compagnie d’une dame qui boit des Smirnoff Ice, on passe poser nos affaires à l’hôtel, on croise Michel Fugain et on luis serre la main « Bonjour Michel Fugain vous êtes venu mettre le big bazar à Montréal LOL », puis on trace à l’Astral, pour le premier concert de la semaine, Jean-Louis Murat.
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En regardant l’affiche, on trouve que JLM ressemble un peu à Olivier de Kersauzon mais ça nous frappe moins à l’intérieur. En tout cas JLM a décidé que tous les bars de la salle devaient être fermés lors de ses concerts (il en donne 3 en 3 jours, les brasseurs ne lui disent pas merci). Du coup on regarde le concert avec une acuité nouvelle, et croyez-moi c’est plutôt agréable. Bon ok JLM est vêtu d’une espèce de surchemise très longue dans les fesses qui ressemble un peu à une nuisette ou à une blouse d’épicier, mais ça lui va pas mal. Plus les chansons passent, plus la filiation avec Neil Young devient évidente. Murat est peut-être plus bavard dans ses textes, mais les laves de guitare, les morceaux qui déroulent, les litanies, tout cela rappelle le vieux Neil et donne une tournure très chouette à ce premier concert. Murat fait quelques blagues avec le public, dit qu’il va jouer des chansons très sexuelles, et ça fonctionne pas mal. Des femmes intéressées lui répondent, il sourit un peu gêné. Ah si seulement on avait ouvert le bar on aurait rigolé un peu plus hein Jean-Louis, t’es tout inhibé vieux.
Murat fini, on se dirige vers le concert de Plume Latraverse. On croise sur le chemin l’excellent Olivier Robillard-Lavaux qui s’occupe du rock à l’hebdomadaire Voir, qui nous propose un bref rattrapage sur « Plume », qui de son vrai prénom se nomme Michel, apprend-on. Uh uh. « Plume » est un des grands représentants de la contre-culture québécoise. Il vit dans la campagne, au Nord de Montréal, donne très peu d’interviews, et de le voir ce soir est donc un privilège. Dans les années 70, « Plume » et ses amis auraient tenu un bar dans lequel un catcheur combattait contre un ours. Tout cela nous rend cette homme très sympathique. On tente des comparaisons dans nos têtes ? Hugues Aufray ? Hmmm, Hughes a été contre beaucoup de choses, mais pas vraiment contre la culture ? Léo Ferré ? Euh non « Plume » à l’air beaucoup plus golri que Léo Ferré, notamment quand il dit dans une de ses chansons qu’il est en gros prêt à faire n’importe quoi pour un verre de cognac. Jean-Louis Murat tiens ? Peut-être oui, mais dans vingt ans alors, car sans vouloir faire du mal à « Plume » l’Auvergnat est encore plutôt en forme physiquement, alors que lui pas tant. Et puis de loin il semble que « Plumos » porte une sorte de pantalon bermuda à zip et ça Murat ne l’aurait pas osé. Ceci dit « Plume » n’aurait jamais fait fermer un bar, lui. Fin du concert : des freaks qui n’étaient certainement pas venus à Montréal depuis la fin des années 70 regagnent leur pick-up. Comme quoi les seventies ont laissé des traces partout dans le monde, et pas que sur Antoine (le chanteur Antoine).
« Plume » achevé, on passe se détendre auprès d’un arbre, on avale une pizza, et puis direction le Shag, cet endroit phénoménal où nous avons déjà en un peu moins de dix ans croisé la moitié de la chanson française ivre morte (la palme pour Cali qui un soir, alors qu’il avait la jambe à moitié plâtré, avait offert sa béquille à je ne sais plus qui et dansait sur une jambe dans un état pas très normal). Ce soir c’est Sexy Sushi qui joue. Le groupe donne un concert vendredi, mais se chauffe ce soir en passant des morceaux qu’on ne connaît pas forcément mais qui sonnent pas mal. Ils sont vêtus de façon un peu étrange (décidément après Murat et « Plumos ») mais il semble que l’originalité vestimentaire soit liée à la condition d’artiste. Cependant, faut-il vraiment porter un haut de jogging sur lequel apparaît le logo de la « Région Pays-de-Loire » ? C’est une question à la quelle nous nous efforcerons de répondre dès demain, car pas question de se ruiner la santé le premier jour d’un festival. Cette réflexion est l’atout des hommes d’expérience.
Photos : Audrey Cerdan
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