Retour en solo, mais en bonne compagnie, du plus occupé des songwriters américains.
Depuis le très doux et intime A Wasteland Companion (2012), M. Ward a pris le temps de tomber deux albums scintillants de She & Him, le duo rétro-glamour qu’il forme avec Zooey Deschanel, d’écrire pour Neko Case et de produire le récent Livin’ on a High Note de la grande Mavis Staples. L’hyperactif quadra de Portland, dont les tempes grisonnent désormais comme celles d’un Charlie Rich à son âge, n’en a pas pour autant délaissé son établi personnel. Son huitième album solo, More Rain, s’ouvre logiquement par une petite minute d’une pluie que l’on imagine aussi chaude et réconfortante que les onze chansons qui vont lui succéder.
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Sans chercher à atteindre la sublime sophistication de Hold Time, son chef-d’œuvre de 2009, ni à retrouver la solennité de A Wasteland Companion, Ward s’est entouré d’amis proches (Peter Buck, Neko Case, K.D. Lang et quelques autres) pour embraser un peu plus collectivement ses compositions et élargir encore son spectre vers tous les courants de l’americana. Le folk aérien (Pirate Dial), le rock sudiste en version light (Time Won’t Wait up) avec lesquels il emballe la machine à remonter le temps ouvrent ensuite sur une variation d’humeurs et de tempos allant de la ballade avec cordes et chœurs doo-wop (I’m Listening) à la country-pop solaire (Confession et ses trompettes espagnoles façon Love, Temptation qui lorgne plutôt vers Big Star) en traversant les grandes plaines gorgées d’humanité dont Jimmy Webb a balisé pour toujours les cadastres (Slow Driving Man, candidate sérieuse au titre de chanson de l’année, juste devant Phenomenon). Matt Ward s’offre même un plausible minitube avec Girl from Conejo Valley, western-song chromo que l’on rêve déjà chantée par un coffre plus mâle, si jamais Johnny Cash avait la bonne idée de ressusciter.
C’est peut-être d’ailleurs le timbre parfois un brin vaporeux du taulier, par endroits voilé de trop d’effets et ployant un peu vite sous les cascades de chœurs, qui empêche ce joli disque de convaincre totalement. A cette légère nuance près, ce garçon qui a tout pour lui est bien parti pour laisser une trace conséquente parmi l’héritage des musiques qui l’ont bercé.
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