L’hyperproductif compositeur de Salem propose son album le plus intéressant depuis la fin du groupe Here We Go Magic.
La discographie post-Here We Go Magic de Luke Temple manquait encore d’une œuvre marquante. Après un ultime effort essoufflé et sans grand relief (Be Small, 2015) avec le groupe qu’il avait fondé, le chanteur-compositeur originaire de Salem s’était replongé dans ses premières amours acoustiques en proposant d’abord A Hand Through the Cellar Door (2016), galette folk finement écrite et produite.
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Son œuvre la plus intéressante de la décennie
Puis c’est paradoxalement sur un disque qu’il ne signait pas de son patronyme et où la guitare tenait une part beaucoup plus marginale qu’on retrouvait enfin, en 2017, un peu du charme intime de ses compositions passées. Blast Off Through the Wicker, signé du pseudonyme Art Feynman, piochait ainsi dans les rythmes d’Afrique de l’Ouest pour habiller un ensemble de titres pop rêveurs savamment bidouillés sur un petit enregistreur quatre pistes, qui basculent aisément dans le psychédélisme le plus stimulant.
Ces deux aspects de la personnalité artistique de Luke Temple ne demandaient finalement qu’à se retrouver. Douze ans après le merveilleux Snowbeast (2007), Both-And s’en approche de très près dans les intentions, reprenant de nombreuses idées qu’il avait déjà pu exprimer dans ses différents projets sans jamais les avoir liées de cette façon. Foisonnant dès son ouverture de fragments sonores farfelus, s’appuyant par moments sur les mêmes percussions ouest-africaines, bénéficiant d’un superbe traitement des voix (et même de chœurs féminins sur Empty Promises) et se terminant sur une magnifique partition acoustique nappée de solitude, Both-And se veut à la fois narratif et onirique.
L’écriture en crescendo de titres comme Wounded Brightness, Taking Chances ou 200,000,000 Years of Fucking, couplée aux meilleures idées qu’il ait jamais eues dans le travail des sons de synthés, donne même à ce nouvel album la saillie qui en fait son œuvre la plus intéressante de la décennie, voire de l’entièreté de sa discographie.
Both-And (Native Cat Recordings/Bigwax)
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