En provenance de Lyon, du rap libre, sombre et poétique.
Du rap jeté dans le vide, pour la beauté du verbe, pour le geste, presque. Une plume épaisse comme un fat cap, une montagne de dégoût et à peine d’espoir. C’est ce que Lucio Bukowski, figure de proue de L’Animalerie réunie autour du producteur Oster Lapwass (Anton Serra, Fly, Ethor Skull…), cristallise sur ce long format – livré au terme d’une cascade de gifles verbales déposées sur les réseaux. Le Lyonnais est de ceux qui pratiquent le rap pour sa puissance poétique, ne visent ni un hypothétique succès commercial, ni les colonnes littéraires, préférant approcher des émotions indicibles, des dilemmes bien réels et ces angoisses intimes qui n’ont pas le sens des affaires – à côté d’une aversion sanglante et un peu récurrente pour le milieu rap. Dilettante revendiqué, technique et poétique dans un même souffle – même si l’on regrette un flow statique que rafraîchit le choix des featurings (Hippocampe Fou, le monstre Serra…) -, Lucio signe un pavé d’art brut, un rap libre défait des figures imposées, qui évoque le verbe âpre d’Arm (Psykick Lyrikah, invité pour l’occasion), l’ennui enthousiasmant des poètes de caniveau et cette honnêteté brutale que n’ont ni les cailleras diamantées ni les moralistes chiants.
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Un rap de longue haleine à écouter seul et à décoder soi-même, soulevé par les symphonies abîmées du magicien Lapwass. En plein coeur.
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