Figure de proue italienne du néoclassique, Luca d’Alberto a le vague à l’âme contagieux.
« L’homme change constamment, il reste rarement identique, même pendant une demi-heure.” Pourquoi le compositeur italien a-t-il éprouvé le besoin de consigner sur la pochette d’Endless ces quelques lignes à la portée a priori évidente mais finalement énigmatique ? On peut les lire comme un avertissement : chaque écoute des neuf morceaux réunis ici (un ensemble compact de trente-neuf émouvantes minutes) peut changer nos vies. Et même les mettre en péril tant la fréquentation de cette musique sans cesse mouvante peut déboucher sur une sévère addiction.
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Il suffit des premières notes de piano de Wait for Me, annonçant un tourbillon de cordes dramatiques, pour qu’on se retrouve transporté en haut d’une falaise tombant à pic, perdu au milieu d’une forêt gigantesque ou à l’intérieur d’un radeau ballotté par une mer déchaînée. Comme les thèmes minimaux de Max Richter ou d’Olafur Arnalds, les compositions signées par Alberto possèdent une renversante puissance d’évocation, sont sources de vertigineux voyages intérieurs pour peu qu’on confie son imaginaire à ses entrelacements de cordes.
Artiste multitâches
Auteur de bandes originales pour films, pièces de théâtre ou installations, le multi-instrumentiste se met au service de lignes mélodiques pures et a besoin de peu pour introduire de la dramaturgie et de la mélancolie dans ce qui semble à première vue apaisé et inoffensif. On a même peine à croire que deux producteurs (Martyn Heyne et le DJ house Henrik Schwark) l’aient aidé à concevoir cet album tant celui-ci capte profondément l’attention sans artifices.
Première référence de 7K!, label-miroir de la maison electro !K7, Endless ne s’apprécie qu’en immersion. Mais, attention, relégué en fond sonore, il prendra le pouvoir et l’esprit en otage, le détournant vers son torrent sans fin de vague à l’âme.
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