Nootropics, de Lower Dens, est l’un des grands et passionnants albums des prochains mois : il est en écoute en avant-première ici, longuement commenté par le groupe lui-même.
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Alphabet
Le poème Suicide de Louis Aragon, publié en 1924, qui est une récitation de l’alphabet occidental. Un bon ami et mentor me l’a fait lire il y a longtemps, et il m’a fait forte impression. La chanson est une exploration de la relation de l’homme à sa part animale, le langage étant la limite de ce dernier. Un regard sur notre histoire intégrale en tant qu’espèce, même en dehors du contexte temporel.
Brains
Cette chanson documente notre relation à la technologie. Le narrateur, dans les couplets, encourage et entraîne les individus, les bénéfices de notre progrès technologique et de sa disponibilité toujours plus grande, pris comme des outils à notre disposition, et le « pont », la longue section sombre au milieu de la chanson, donne voix, peut-être inconsciemment, à la peur de ne pas être capables de nous autoréguler, et à celle de nous détruire par la technologie. Peut-être la peur de la technologie elle-même, plutôt que la reconnaissance de notre mauvaise utilisation de celle-ci. Est-ce clair ? Je trouve ça hilarant, mais beaucoup de gens pensent aux machines comme des menaces intrinsèques.
Stem
Originellement conçue comme un exercice amusant de contrepoint pop, puis ajoutée comme une conclusion à Brains.
Propagation
Avec Alphabet et Brains, peut-être le triumvirat du concept de l’album. Nous, humains, en tant que créatures biologiques, sommes et avons toujours été menés en toute chose par notre désir de préserver et d’étendre notre espèce. Mais cela ressemble souvent à un piège. Dans le refrain, « population incandescent » décrit l’intensité de notre désir de procréer, d’élever des enfants. C’est la chose la plus centrale pour l’espèce humaine, mais ses pendants logiques, la romance, les conflits territoriaux, etc., sont les sources les plus fréquentes de nos problèmes les plus basiques.
Lamb
L’humanité est sur le point de réaliser son vieux rêve d’immortalité, et la chanson imagine l’obscurité et la solitude d’une vie éternelle.
Candy
Le narrateur a une relation difficile avec la race humaine. Une relation d’amour/haine, explorée via la métaphore d’une relation sentimentale plus classique. Il y a ce besoin impérieux de « sauver » l’humanité, en concurrence avec la révulsion et le désir de la détruire qu’elle inspire. Dans le premier couplet, l’objet de l’affection (l’humanité) est un peu mis de côté pour son propre bien, puis une sorte de complexe de héros se développe ensuite dans la chanson. Mais la croyance intime (plus ou moins consciente) en la futilité de « sauver » la race humaine colore la narration jusqu’à un point de grand pessimisme, avec l’optimisme bataillant en permanence pour avoir droit à exister.
Lion in Winter, Pt. 1
Elle a été écrite comme une introduction aux chansons qui suivent. Will et moi, aux guitares, créons des drones, comme on a coutume de le faire, sur lesquels Geoff à la basse et Carter au clavier s’engagent dans un échange qui sonne toujours, selon moi, comme le chant d’une baleine.
Lion in Winter, Pt. 2
Une chanson à propos de la roue pour hamster que constitue l’existence humaine. Nous cherchons le succès bien au-delà de la nécessité. Notre besoin de succès pourrait nous détruire. Oh ! la banalité de l’ironie ! Son insistance est à la base de tout. Cela se reflète dans toute chose humaine. Le titre de la chanson vient du film, l’analgie étant que, dans nos éventuelles dernières heures, ou les dernières heures de cette partie de l’histoire humaine, nous nous battons toujours contre ce changement qui nous menace en permanence, la mort de notre style de vie qui viendra sous une forme ou une autre. Et effectivement, l’album dans son ensemble explore les défauts inhérents à notre existence, et cherche à imaginer une vie plus logique, plus appropriée.
Nova Athem
Une grande partie des textes est extraite de Nova Express de Burroughs. J’aime cette citation de Wikipedia : « Burroughs essaie d’utiliser le langage pour briser les murs de la culture, la plus grande des machines de contrôle ». Aussi longtemps que nous seront esclaves du langage, essayons de l’utiliser pour nous libérer de beaucoup d’autres prisons dans lesquelles nous nous enfermons nous-mêmes.
In The End is the Beginning
Laissez les paroles vous guider. Le narrateur est prêt pour la prochaine phase de l’humanité. Notre connaissance de la réalité et de nous-mêmes n’est pas aussi lumineuse que nous avons aimé le croire, et il est temps de prendre l’obscurité en compte si nous voulons passer à autre chose. Nous sommes peut-être dans ce processus.
Voici une idée assez générale du thème de l’album : regardons l’Histoire humaine et analysons ses schémas, pour que nous puissions passer à sa prochaine étape le plus aisément possible. Je ne crois pas en la mythologie maya pour 2012, mais je crois que nous approchons d’une sorte de bouleversement des espèces. Nous anticipons la fusion techno-biologique, la raréfaction des ressources traditionnelles, un monde totalement globalisé, etc. Le premier album s’éveillait à la communauté, à la communauté humaine et à son importance. Ce disque est la seconde étape.
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