Sous la beauté mutante et glacée de ses chansons, l’Autrichienne Soap&Skin révèle un tempérament de feu. En concert cette semaine.
Interviewer Anja Plaschg, l’âme farouche de Soap & Skin, n’est pas tâche aisée : le silence semble être la première langue de cette Autrichienne de 18 ans sapée comme une vestale gothique. Non pas qu’elle veuille jouer les beautés hautaines : elle découvre simplement avec embarras que la musique est aussi un métier du spectacle.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Dans la campagne reculée qui l’a vue grandir, ses seuls compagnons de jeux étaient un piano, des partitions signées Rachmaninov, Schumann ou Chopin, et un ordinateur. Singulier cercle d’amis, qu’on retrouve aujourd’hui dans un premier album étonnant de maîtrise : un recueil de nocturnes mutants, dont la surface glacée est troublée par les friselis de l’électronique, et qui charrient dans leur onde la voix brûlante et solennelle de Plaschg.
La critique ne manquera pas de présenter l’Autrichienne comme la petite sœur de désolation de Nico (qu’elle reprend). Il est vrai que l’ambiance, ici, n’est pas à la gaudriole. Les climats de Lovetune for Vacuum portent l’empreinte d’une jeunesse qui évoque davantage la pâle nudité des modèles d’Egon Schiele que les tenues bariolées des fluokids.
Mais il y a ici suffisamment d’intensité lyrique pour que ce disque s’arrache à la pesante banalité des chroniques adolescentes. Suffisamment de feu dans le caractère de son auteur, aussi, pour qu’on s’autorise à lui prédire un destin des plus radieux.
{"type":"Banniere-Basse"}