Le slogan publicitaire est là pour le rappeler, la seule évocation de son nom suffit à raviver les délicieux souvenirs de la power-pop féminine. Ces cinq années charnières (de 87 à 91) pendant lesquelles Tanya Donelly sera l’élément indispensable à l’équilibre des Throwing Muses, d’abord, et des Breeders débutantes, ensuite. Dans chacune des deux formations, […]
Le slogan publicitaire est là pour le rappeler, la seule évocation de son nom suffit à raviver les délicieux souvenirs de la power-pop féminine. Ces cinq années charnières (de 87 à 91) pendant lesquelles Tanya Donelly sera l’élément indispensable à l’équilibre des Throwing Muses, d’abord, et des Breeders débutantes, ensuite. Dans chacune des deux formations, elle tiendra le même rôle de modératrice d’ambiance, donnera aux colères de Kristin Hersh un subtil parfum d’ingénuité coquine et tempérera les coups de folie et de grisou de Kim Deal avec des lignes mélodiques claires, avant de mener sa propre aventure : Belly. Un groupe à son image, pondéré et mélodiquement ambitieux, mais au bruitisme trop peu venimeux pour résister à l’arrivée des nouvelles vipères du rock : Liz Phair, Hole ou PJ Harvey. Pas assez sulfureuse ou déjà sortie du champ de tir des frustrations adolescentes pour jouer dans l’arène des sauvageonnes, Tanya Donelly s’est poliment retirée du circuit pour une vie prometteuse de plénitude (petite maison, petit confort, petit mari…). De quoi espérer un premier album solo à l’abri des jeux de rôles, intrigant et dépliant sans pudeur une musique torsadée, enroulée comme celle de Suzanne Vega autour d’une féminité doucement maligne, gourmande de nouveaux plaisirs. Des fantasmes de plénitude gentiment titillée par les démons malheureusement à peine satisfaits par trois morceaux de bravoure perdus au milieu de ce timide Lovesongs for underdogs : Bum avec son intro salace et son riff hanté par Cochran, le folk crocheté comme du vénérable Simon & Garfunkel de Goat girl et la subtile pedal-steel de Restless. Car, pour le reste, ce premier album solo de Tanya Donelly offre souvent le désarmant spectacle d’une trentenaire tentant de raviver sans flamme ses joies musicales adolescentes. Atteinte du syndrome Debbie Harry, cette autre muse emprisonnée dans la camisole du passé, Tanya y joue les fausses insouciantes, les naïves pas dupes, dans des chansons peroxydées et terriblement propres sur elles (Manna, Human, Pretty deep, Swoon). Dans ces moments-là, sa voix intacte, magnifique, tactile et enjôleuse restera la seule bonne raison de ne pas décrocher.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}