De l’intouchable “Velvet Underground” à une discographie solo fondatrice, difficile d’isoler douze chansons de Lou Reed. Un crève-cœur, que cette sélection pour les 10 ans de sa mort.
The Kids (1973)
Pour la première fois dans l’histoire du rock : un solo de hurlements d’enfants. Point d’orgue (d’ogre) d’un album inouï qu’il serait criminel de saucissonner, The Kids incarne toute la démesure de Berlin, et la dégringolade de ses personnages, la putréfaction des sentiments. L’album le plus violent et malade de Lou Reed, sous ses airs sophistiqués. Chronique de Lester Bangs : “Ceci est le disque le plus brillamment dégueulasse de l’année (…) Il me rappelle la progéniture bâtarde d’une partie de jambes en l’air bourrée et demi-molle entre Tennessee Williams et Hubert Selby Jr.”
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http://youtu.be/YY_i-R2ldyA
Ennui (1974)
“You’re the kind of person that I could do without”… Dans une discographie où la mélancolie et la rage jouent les amants terribles, cette chanson peu connue réussit à s’imposer parmi les plus tristes et poignantes de Lou Reed : même la guitare semble ici être en larmes. Et bizarrement, depuis 1976, Ennui reste, malgré sa noirceur, une andidote au chagrin : une façon de combattre le mal par le mal.
http://youtu.be/1DqOIABIGGg
Coney Island Baby (1976)
Tirée de l’album du même nom, Coney Island Baby joue avec les nerfs : les vagues lentes, infatigables, lancinantes font ici plus de dégâts que tous les tsunamis électriques auxquels Lou Reed s’est essayé dans les seventies. Confession d’une rare intimité – “je voulais jouer au foot/Mais seulement pour l’entraîneur” –, cette ballade déglinguée dans les méandres de la mémoire se bâtit patiemment, pour finir en hymne vaste à l’amour absolu. Sans le moindre pathos ou ridicule.
http://youtu.be/kwLlvcDi4PQ
Street Hassle (1978)
Le scénario dingue d’un film noir, où vient tonner entre deux rafales de violoncelle martial la voix apeurée de Springsteen. Plus qu’une chanson, dont elle ne répond à aucun code, Street Hassle est plutôt une nouvelle vertigineuse, noire, ambitieuse et goguenarde. Car Lou Reed, rappelons-le, est, comme Leonard Cohen ou Morrissey, un auteur extrêmement drôle. Mais attention : l’écoute au casque dans une rue déserte de cet opéra de la déchéance, peut conduire à la panique.
http://youtu.be/a2532gJcCsA
Halloween Parade (1989)
Les années 80 et le post-punk avaient largement réhabilité Lou Reed quand il replonge dans les entrailles de sa ville pour un New York où il rappelle qu’il reste l’un des plus cinglants poète du rock – et un guitariste méchant. On craignait les clichés et la facilité sur un NY disparu : Lou Reed revient au contraire de cette virée avec un album castré de toute nostalgie, dénichant à même les rues un fabuleux bestiaire de destins brisés, qui répond ici aux personnages de Walk on The Wild Side. L’insouciance en moins : Reagan et le sida sont passés par là.
Nobody But You (1990)
Brouillés depuis des années, John Cale et Lou Reed se réconcilient pour un album hommage à leur mentor, protecteur et éveilleur, Andy Warhol décédé trois ans auparavant. Funèbre, aveuglé par la lumière noire, la réconciliation et son enjeu condamnent l’un et l’autre au surpassement sur Songs for Drella : la compétition redémarre immédiatement entre le Gallois et le New- Yorkais, ce qui donne une tension inouïe à des chansons d’apparence apaisée, solennelles.
http://youtu.be/ixJJlRCIiaw
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