On ne fait pas le mariole avec les Coppola. Pour le précédent film de Sofia, Virgin Suicides, Air composait ainsi un véritable album, dense et grave, dont l’impact allait définitivement dévier l’écriture du duo. Même Kevin Shields, porté disparu des bacs de disquaires depuis le Loveless de My Bloody Valentine de 1991, n’a pu, pour […]
On ne fait pas le mariole avec les Coppola. Pour le précédent film de Sofia, Virgin Suicides, Air composait ainsi un véritable album, dense et grave, dont l’impact allait définitivement dévier l’écriture du duo. Même Kevin Shields, porté disparu des bacs de disquaires depuis le Loveless de My Bloody Valentine de 1991, n’a pu, pour le second film Lost in Translation, résister à l’invitation. Sur un premier inédit, City Girl, attendu par ses fans et multiples suiveurs depuis plus de dix ans, il révèle enfin au monde ébahi ce qu’il a fait de ces dix années de studio, de maniaquerie, de fausses pistes, de démesure et d’excès : une mignonnette pop. Une chanson saine et normale qui, comme aux débuts du groupe, passe les Beach Boys au papier de verre. Le pire, c’est qu’on n’est pas déçu de l’entendre, mieux que sur ses récents enregistrements chez Primal Scream, régresser jusqu’à l’enfance, à sa noisy-pop nonchalante et entêtante. Mais d’autres inédits, instrumentaux visiblement plus récents et complexes, permettent mieux de mesurer à quoi ont servi toutes ces années de studio, d’entêtement suicidaire : à éliminer, patiemment, le superflu. Aux portes du silence, ces pièces pour vents et murmures se jouent en totale apesanteur, très proches des plages givrées, scintillantes et immatérielles des Music for Films ou Music for Airports de Brian Eno.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Air, à la tête d’une délégation française savamment négligée (Sébastien Tellier, Phoenix) joue aussi dans cette veine vaporeuse, avec un Alone in Kyoto tout en cliquetis et silences. Un générique somptueux qui fonctionne aussi bien à l’électricité renfrognée (The Jesus & Mary Chain, My Bloody Valentine) qu’à l’électronique déviante (Squarepusher, Death In Vegas ou les déviants Brian Reitzell & Roger Manning, gourous soniques chez Beck ou Air). Les plus patients gagneront même un fou rire : une reprise, en morceau caché, du More Than This de Roxy Music, massacré par le décidément attachant Bill Murray.
{"type":"Banniere-Basse"}