Dans le film de Frank Capra Horizons perdus (Lost Horizon), cinq Occidentaux sont introduits par des lamas tibétains dans Shangri-La, cité paradisiaque et de l’éternelle jeunesse, qui deviendra également pour certains la cause de tragiques destins ? la mort, la folie, voire les deux. Malgré ces fâcheux précédents, Nick Franglen (l’instrumentiste fou) et Fred Deakin […]
Dans le film de Frank Capra Horizons perdus (Lost Horizon), cinq Occidentaux sont introduits par des lamas tibétains dans Shangri-La, cité paradisiaque et de l’éternelle jeunesse, qui deviendra également pour certains la cause de tragiques destins ? la mort, la folie, voire les deux.
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Malgré ces fâcheux précédents, Nick Franglen (l’instrumentiste fou) et Fred Deakin (le DJ designer) se sont lancés, quelque soixante années plus tard, à la recherche du même mythe pour pouvoir y installer le studio de Lemon Jelly, leur association d’experts en douceurs musicales. Un acte de bravoure auquel le charmant Ky, compilation de leurs premiers et colorés cadavres exquis, n’avait pas préparé. Flattant le palais mais parfois trop mielleux, ce disque masquait en fait des ambitions plus nobles et exorbitantes : la création d’un univers fantastique capable de happer l’auditeur, de lui faire perdre joyeusement la raison.
Il y a encore peu, Franglen et Deakin étaient considérés comme de gentils taxidermistes, des brocanteurs éclairés qui s’amusaient à piocher dans leur exotique collection de vinyles pour construire des collages récréatifs. Même si ceux-ci se montraient impressionnants par leur fluidité, ils auront uniquement servi de brouillons aux envoûtantes envolées trip-folk de Lost Horizons et ses subtils entrelacs élastico-acoustiques. Sur cet album, les Anglais ont troqué le carton-pâte de leurs précédents couper-coller pour des histoires plus fournies et solides, où la luxuriance des arrangements ne sert pas d’écran de fumée à la pauvreté de l’intrigue.
D’apparence inoffensive, les exquis Space Walk ou Nice Weather for the Ducks (hommage à Salinger ?) constituent de dangereux hameçons pour l’imagination. Conçus comme des génériques qui se suffiraient à eux-mêmes (Return to Patagonia), les sagas sonores racontées par cet excentrique orchestre de bois et de cuivres goûtent les rebondissements et les frayeurs. Comme si les Teletubbies, à force de gambader dans l’herbe en gazouillant, parvenaient par accident jusqu’à l’orée de la terrible forêt de Twin Peaks. Marchands de sable magique mais également adeptes du poil à gratter, ces incroyables Anglais rappellent que la chanson est une autre forme de conte.
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