Adoubé par Kris Kristofferson, admiré par Dylan que son chant évoque immanquablement , objet de culte de la part des magazines Rolling Stone et Village Voice, John Prine est bien à l’étroit dans les bacs country auxquels la loi des marchands le confine. Trop caustique, pas assez rouleur de mécaniques pour chiquer en compagnie […]
Adoubé par Kris Kristofferson, admiré par Dylan que son chant évoque immanquablement , objet de culte de la part des magazines Rolling Stone et Village Voice, John Prine est bien à l’étroit dans les bacs country auxquels la loi des marchands le confine. Trop caustique, pas assez rouleur de mécaniques pour chiquer en compagnie de Waylon Jennings. Dépourvu du charme texan de Guy Clark ou de Townes Van Zandt, il croque des vies bancales avec un effrayant sens du tragique quotidien. Crincrin champêtre et pedal-steel ont beau faire, on ne trouvait sur ses premiers albums ni cavalcades ni rodéos : ouvriers d’usine et vendeurs de voitures d’occasion s’y échinaient à soulever le couvercle d’un horizon obstinément plombé. Les années 80 ne furent guère faciles pour John Prine et Lost dogs and mixed blessings risque de prendre à rebrousse-poil ceux qui ont découvert son nom au détour d’une reprise sur le dernier album des jeunes Acetone les guitares ont la langue bien pendue, trop sans doute, et les chansons ne s’habillent pas chez Ray Gun ou Wire, beaux magazines arbitres des élégances anguleuses et modernes. Mais les épanchements nostalgiques de Lake Marie, l’émotion rapeuse dont Marianne Faithfull enjolive This love is real ou la verve goguenarde de Ain’t hurtin’ nobody rassureront les fidèles. Depuis 1971, John Prine en a quelques-uns.
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