Visite des grands espaces canadiens, par un esthète de bois
Le 28 janvier 2003, la parution du premier album des Great Lake Swimmers balayait les clichés touristiques de l’Ontario. Terminés la vue imprenable de la CN Tower de Toronto et le vacarme de Genèse des chutes du Niagara, l’heure était à l’enveloppe rouillée des silos à grain désaffectés de Wainfleet et aux échos immémoriaux d’une église de Long Beach. La faute en incombait à Tony Dekker, à son flair pour débusquer entre deux briques un fragment d’immensité, à sa voix d’ectoplasme bienveillant et à son songwriting irisé, lequel se pare sur ce Lost Channels d’une fraîcheur dont manquait cruellement son prédécesseur. Routinier et figé dans son naturalisme, Ongiara relevait effectivement plus de la jolie carte postale que du grand voyage attendu. A l’inverse, ce quatrième effort devrait faire du bruit dans le landerneau des tour-operators. Car au-delà des arrangements harmonieux (banjo, mandoline, violoncelle…) et de l’adresse mélodique qui font la splendeur des chansons du groupe, c’est dans son équilibre rythmique, du folk-rock bocager de Palmistry au dépouillement libérateur de Unison Falling into Harmony, que Lost Channels puise son aura de circuit “Merveilles des grands espaces”.
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