A vrai dire, on n’en a pas grand-chose à faire de ce disque pas plus envie de l’écouter que de le critiquer. Ensemble ou séparément, David Crosby, Graham Nash, Stephen Stills et Neil Young ont suffisamment donné à la musique pour qu’on les laisse mijoter leur petite tambouille en paix, d’autant que certains d’entre […]
A vrai dire, on n’en a pas grand-chose à faire de ce disque pas plus envie de l’écouter que de le critiquer. Ensemble ou séparément, David Crosby, Graham Nash, Stephen Stills et Neil Young ont suffisamment donné à la musique pour qu’on les laisse mijoter leur petite tambouille en paix, d’autant que certains d’entre eux (Crosby surtout, mais Stills aussi) reviennent de si loin d’insondables abysses de poudre, de parano et de folie que les entendre chanter relève pratiquement du miracle. A la rigueur, on préférerait parler des Byrds, où la plume gracile de Crosby traçait d’improbables mélodies, sensuelles et cosmiques, belles à chialer ; on préférerait détailler la discographie complète de Neil Young, évoquer les miniatures psychédéliques des Hollies, l’élégance ténébreuse de Buffalo Springfield, les perles oubliées de Manassas, ou encore cet utopique album de Crosby (If I could only remember my name), incroyable de plénitude, de vista béate. Seulement voilà, on est en 1999, et nos quatre bonshommes ont semble-t-il encore des choses à dire, ainsi que des traites à honorer. Dans le contexte actuel du tout-électronique, le message risque un peu de tomber à plat (et les recettes avec), mais bon, il y a Neil Young, et sa présence vaut bien, à elle seule, qu’on se penche sur cet honorable Looking forward, où la vieille chorale, rompue dans l’art de faire du vieux avec du vieux, s’en sort avec des résultats contrastés. Un qui fait de la peine, c’est Stephen Stills, qui n’en peut plus de rabâcher les mêmes rocks bedonnants (No tears left), les mêmes blues arthritiques (Seen enough). Le discret Nash s’en tire mieux, auteur d’un Someday soon élégiaque. Neil Young, quant à lui, fait du Neil Young : en forme moyenne, il émaille l’album de quatre titres pépères, dans la lignée des ballades champêtres de Harvest moon, et relève sensiblement le niveau, surtout que sur Looking forward, Slowpoke ou Out of control, ses acolytes ont le bon goût de se faire discrets. Le vrai sommet de l’album (Dream for him), on le doit cependant à David Crosby, à son écriture en lévitation, son chant à peine esquissé, qui fait s’échouer le plus pur des morceaux folk-rock sur les rives chimériques d’un jazz idéal : de quoi nourrir un peu plus les regrets de ceux qui tiennent David Crosby pour un grand génie méconnu, le gâchis fait musicien.
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