Le 20 septembre 1979, au Palladium à New York, la photographe Pennie Smith, qui suit les Clash en tournée, immortalise Paul Simonon éclatant sa basse contre la scène. Devenue une image iconique de la scène rock, cette photo ne plaisait pourtant pas à la photographe anglaise.
“Je n’ai pas choisi de prendre cette photo”, lâche Pennie Smith dans une interview donnée au Guardian en 2019, à l’occasion des 40 ans de la sortie du cultissime London Calling des Clash. Elle ajoute : “Mes doigts ont juste appuyé sur le bouton.” Ce soir de septembre 1979, la bande de Joe Strummer joue au Palladium, en bordure de l’East Village à New York, quand Paul Simonon explose subitement sa basse contre le sol de la scène. L’instant est saisi sur le vif par la photographe originaire de Londres, comme les Clash qu’elle suit en tournée américaine depuis deux semaines.
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Interrogée à propos de cette photo par la BBC en 2019, Pennie Smith confie qu’elle avait plutôt l’habitude de se placer du côté de Mick Jones, le guitariste, lors des concerts, car le coin de Paul Simonon était encombré par la sono, ce qu’elle ne trouvait pas esthétique. C’est par hasard, sur cette date new-yorkaise, qu’elle décide de changer de point de vue, son Pentax 35mm à la main.
Un mouvement suspendu, arrêté en plein vol
Courbé, les jambes fléchies, les genoux rentrés et les mains serrées autour du manche, étranglant sa basse, dont le dos est cramé par les projecteurs, Paul Simonon s’apprête à fracasser l’instrument à ses pieds. Dans un noir et blanc granuleux, le mouvement est figé, suspendu, arrêté en plein vol. Mais pas net. Dès le lendemain du concert de septembre 1979 au Palladium, Joe Strummer choisit cette photo pour illustrer la pochette de London Calling, qui sortira dans trois mois, le 14 décembre de la même année.
Au Guardian, Pennie Smith raconte : “Je leur ai dit que cette image ne fonctionnait pas car elle est complètement floue. Mais Joe n’en avait rien à faire. Il m’a dit : ‘C’est cette photo-là qu’il nous faut.’ Donc je leur ai rétorqué : ‘Ok, je ne vais pas vous contredire. C’est votre putain d’album, alors partons là-dessus.’”
Un symbole incontournable de l’imagerie rock
Devenue un symbole incontournable de l’imagerie rock, la pochette de London Calling renvoie à une forme de rage qui échappe et à une perte de contrôle totale, fébrile et effervescente. Si la photographe anglaise se souvient d’un Paul Simonon qui était exceptionnellement de “mauvaise humeur” ce soir-là, elle reste assez expéditive au sujet de cette photo. “Je suis contente de l’avoir prise, mais c’est un peu lourd à porter”, affirme-t-elle au quotidien britannique. Et de poursuivre : “On m’en parle tout le temps, parfois c’est gentil et d’autres fois, c’est saoulant.”
Si elle a entretenu une relation très proche avec les Clash, Pennie Smith a aussi photographié toute une flopée d’icônes de la scène rock de l’époque, d’Iggy Pop à Debbie Harry en passant par Morrissey, Siouxsie Sioux, The Who, The Rolling Stones et plus tard, Blur, Oasis ou encore The Strokes, notamment pour le célèbre journal musical britannique, le New Musical Express.
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