On ne va pas tourner autour du pot : voilà l’un des dix ou vingt meilleurs disques de l’histoire du rock. Mais London Calling vaut encore mieux qu’un chef-d’œuvre de panthéon : c’est un disque vivant, qui palpite encore de toutes ses tripes en l’an 2003. Après l’erreur de casting sur Give em Enough Rope […]
On ne va pas tourner autour du pot : voilà l’un des dix ou vingt meilleurs disques de l’histoire du rock. Mais London Calling vaut encore mieux qu’un chef-d’œuvre de panthéon : c’est un disque vivant, qui palpite encore de toutes ses tripes en l’an 2003. Après l’erreur de casting sur Give em Enough Rope (grösse pröduktion de Sandy « Blue Öyster Cult » Pearlman), le Clash est allé déterrer de sa tannière Guy Stevens, figure-culte des studios britons. Stevens, c’était le type qui avait façonné le fabuleux son des grands moments de Mott The Hoople, un des plus brillants disciples de Phil Spector. Bon, en 1980, il était légèrement carbonisé, le Stevens, participant aux sessions de London Calling en dilettante. N’empêche que le son de London Calling est une merveille d’équilibre, mélange parfait de compacité et d’espace, de puissance et de rondeur chaloupée, de percussion et de séduction. C’est ce son à la fois giflant et caressant qui cimente l’affaire, lui donne cette unité et cette cohésion fabuleuses.
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L’album s’ouvre sur London Calling, la chanson, hymne racé qui sonne l’alarme : « L’âge de glace arrive Londres s’enfonce et j habite près du fleuve » Un genre de manifeste poético-prophétique dont l’inquiétude apocalyptique est toujours aussi pertinente aujourd’hui. A l’encontre de l’esprit table rase des punks, le Clash rend hommage à certains de ses pères : Vince Taylor (Brand New Cadillac), Montgomery Clift (The Right Profile), Stagger Lee (Wrong em Boyos). La conscience sociale et politique des gars se déploie, ils invoquent les mannes de la guerre d’Espagne et le fantôme de García Lorca (Spanish Bombs), alimentent l’envie de révolte contre l’état des choses imposé par l’ordre thatchérien (Clampdown), filent l’allégorie sur la société consumériste (Lost in the Supermarket) ou chroniquent les faits divers policiers (Guns of Brixton).
Question texte et mélodies, c’est quasiment l’état de grâce : pas un déchet, pas la moindre chanson faiblarde à l’horizon. Le Clash met la gomme, bande à l’unisson et sans mollir, quelle que soit la configuration : rockab transfiguré (Brand New Cadillac), appel à l’émeute (Clampdown, l’un des pics orgasmiques des concerts de l’époque), reggae inspiré (Rudie Can’t Fail, Revolution Rock), pop aérée au timbre mentholé de Mick Jones (Lost in the Supermarket, Train in Vain, The Card Cheat)? Londres appelle ? Vingt-trois ans plus tard, on est toujours scotché au bout du fil.
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