Les Anglais d’Archive ont oublié les règles et les genres pour signer le disque le plus fascinant du moment. Fans de My Bloody Valentine, accablés par l’interminable attente de vos bruitistes favoris, réveillez-vous : Kevin Shields est de retour. Non pas comme meneur d’un nouveau projet sous patronyme anonyme, mais bel et bien en tant […]
Les Anglais d’Archive ont oublié les règles et les genres pour signer le disque le plus fascinant du moment.
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Fans de My Bloody Valentine, accablés par l’interminable attente de vos bruitistes favoris, réveillez-vous : Kevin Shields est de retour. Non pas comme meneur d’un nouveau projet sous patronyme anonyme, mais bel et bien en tant que Kevin Shields, grillé de la tête notoire appelé au chevet des chansons d’Archive. L’association entre le jeune groupe londonien qu’il faudra se résoudre à étiqueter trip-hop pour gagner du temps en début de chronique et ce Brian Wilson des tréfonds électriques pourrait surprendre bien davantage si elle n’était pour l’instant cantonnée à la simple déformation par Shields d’un titre pourtant très fréquentable d’Archive, Londinium. Un résultat si déstructuré et irrationnel que la maison de disques Island en réserve encore l’écoute à quelques privilégiés (sous forme d’un maxi hors commerce), préférant présenter au public le versant le plus abordable d’Archive, soit l’album du même nom, Londinium. Pourtant, même si la présence du cerveau de My Bloody Valentine reste discrète et souterraine, elle dit l’essentiel sur Archive en indiquant clairement à quel camp le groupe appartient : à la faction des chercheurs, des entreprenants, des intrigants. Treize morceaux en convaincront aisément l’auditeur le plus sceptique : chez Archive, il n’est nullement question d’archivage, de classification ou de tribut scolaire à l’histoire. Tout comme dans le rock de My Bloody Valentine, c’est dans la dislocation méticuleuse des règles qui régentent et figent les styles que la musique d’Archive prend sa source. Trip-hop, disions-nous à défaut d’un terme plus précis, mais alors un trip-hop sacrément trippant et sacrément hop. Un trip-hop fluctuant, liquide, dégoulinant de mélodies et de balancements chancelants, un fascinant ouvrage qui tranche assez sèchement avec les autoroutes de sensualité dessinées par Portishead. Pas forcément plus proches de celles de Tricky pour qui ce groupe ferait sans doute figure de cousin gagne-petit , les chansons d’Archive aiment se perdre dans ces zones de flou qui séparent les genres, dans ces alentours obscurs où peuvent se croiser sans jamais se heurter des éléments en théorie incompatibles. Soit la voix gravement hip-hop du chanteur Rosko John, celle nettement plus aérienne de l’Iranienne Roya Arab, ou encore toute une série d’arrangements pas mécontents d’échapper aux disques d’Al Green ou Marvin Gaye pour s’échouer dans les samplers inspirés de Darius et Danny G, architectes d’une musique d’une liberté extrême, tout juste retenue sur terre par l’effet cotonneux d’un formidable groove instable.
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