Le projet multi-artistes de Guts, les métamorphoses de Mac Miller, le retour de M.O.P, le « dream rap » de Pell : l’actu hip-hop de la semaine, par Sindanu Kasongo.
Guts : le philanthrope
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Guts n’est pas apprécié à sa juste valeur. Dans un autre pays il ne serait peut-être pas une star mais au moins une référence. Peu présent dans les médias, cela fait presque un quart de siècle que Guts se cache derrière ses machines. Son CV est éloquent : membre fondateur et producteur d’Alliance Ethnik, il a également travaillé avec Big Red de Raggasonic, les Svinkels, les Sages Poètes De La Rue, Common, De La Soul ou encore Rahzel des Roots.
Après trois albums entièrement instrumentaux au milieu des années 2000, Guts s’est lancé dans un projet multi-artistes sous la bannière du hip-hop: Hip Hop After All. Il y a invité des légendes comme Grand Puba de Brand Nubian, Masta Ace du Juice Crew ou encore le producteur Bob Power. On y retrouve aussi des petits jeunes prometteurs (Dillon Cooper, Quelle Chris, Akua Naru ou Tanya Morgan…) et des musiciens de talent comme Cody ChesnuTT, Lorine Chia, Patrice ou encore David Neerman, électron libre vibraphoniste issu de la scène jazz. Le hip-hop de Guts dans ce projet où il est accompagné de DJ Fab – une autre figure injustement méconnue du rap français – a des accents funk, soul et parfois reggae. Hip Hop After All sera-t-il une ligne de plus dans le CV de Guts ou aura-t-il enfin la reconnaissance qu’il mérite ?
Kendrick Lamar : deux matchs amicaux
Cette année Kendrick a été relativement discret. A part les featurings dans les albums de son équipe (SZA, Schoolboy Q et Ab-Soul), le titre d’Alicia Keys ou celui de Mike Will Made It, le rappeur du TDE est avare de « seize mesures ». On s’en doutait, il prépare la suite de son album Good Kid, m.A.A.D City, sorti en octobre 2012. La semaine passée, en deux titres le petit prince de Compton a une nouvelle fois montré pourquoi il est bel et bien parmi les meilleurs de sa génération. D’abord sur Never Catch Me de Flying Lotus, son flow oscille entre le débit d’une mitraillette et le scat d’un jazzman. Ensuite dans le remix de Holy Ghost de Young Jeezy, Kendrick allie sans forcer le fond et la forme. Pour l’instant Kendrick est à la hauteur de son immense buzz.
https://soundcloud.com/cezurcorpus/flying-lotus-ft-kendrick-lamar-never-catch-me
Fekky à l’assaut des clubs anglais.
Ce MC de South London est un nouveau venu – il ne rappe que depuis deux ans – mais il fait déjà beaucoup parler de lui en Angleterre. Son titre avec Dizzee Rascal, Still Sittin Here, est le tube de cet été. Une touche de nostalgie (les producteurs de Splurge Boys ont adapté Sittin Here, un gros titre de Dizzee Rascal du début des années 2000) mélangée à l’énergie très actuelle de Fekky (ses gimmicks comme « Bu Bu Bang ») ont fait le reste. Un des objectifs principaux de ce rappeur est de toucher les clubs : Birmingham, Manchester, Liverpool… Chaque week-end Fekky est dans un club différent pour un showcase. Pas égoïste, il a réuni Meridian Dan, Tempa T, Skepta, Jammer, D Double E, JME, Chip, Frisco, Tinchy Stryder et Kano, la crème de la scène anglaise sur son remix.
Mac Miller : le changement c’est maintenant.
Qui est le rappeur à la barbe rousse couvert de tatouages que l’on voit dans Diablo ? Ce Mac Miller n’a plus rien à voir avec l’ado au sourire niais que l’on a connu à l’époque de sa mixtape K.I.D.S et de ses tubes proprets comme Knock Knock. Il n’y a pas que le look qui a changé chez Mac Miller. Depuis qu’il a déménagé à Los Angeles, où la marijuana est dépénalisée, lui qui ne proposait que de l’égotrip et la battle rhyme basique a des propos plus « abstraits ». Enfin, sous le pseudo de Larry Fisherman, Mac Miller produit aujourd’hui la majorité de sa musique, joue des instruments et parfois chante. La bonne nouvelle c’est que l’on n’a pas fini d’être surpris : Malcolm James McCormick, alias Mac Miller, n’a que 22 ans.
Pell : touché par Yeezus.
Lorsque l’ouragan Katrina a frappé la Nouvelle-Orléans il y a bientôt dix ans (en août 2005), beaucoup ont quitté la ville et n’y sont plus revenus. Jared Pellerin, alias Pell, a par exemple suivi ses parents dans le Mississippi. Le jeune artiste raconte dans ses interviews que c’est la sortie de Kanye West – son fameux « Bush doesn’t care about Black peoples ! » – qui l’a poussé à écouter et à se pencher sur la carrière du rappeur. A l’époque Pell n’a que onze ans, et grâce à ses parents qui n’écoutaient que de la soul, il va passer son adolescence à découvrir le rap et finalement se mettre à écrire. Depuis deux ans Pell présente enfin sa musique au public : un mélange délicat de chant et de rap que certains médias américains ont déjà étiqueté « dream rap ». Après un petit EP, son nouveau projet Floating While Dreaming est disponible depuis le mois de mai. Runaway en est l’une des meilleures chansons.
Bobby $hmurda : trois mois de gloire.
Les quinze minutes de célébrité de Bobby Shmurda se prolongent. Rapide flashback. Il y a trois mois, le clip vine de dix secondes de Bobby $hmurda fait sensation sur la Toile. On y voit le jeune garçon d’East Flatbush à Brooklyn jeter sa casquette et faire la “shmoney dance”. Un mois plus tard, les blogs et sites américains commencent à s’intéresser à Bobby $hmurda et son crew. Aujourd’hui, son clip a dépassé les quinze millions de vues sur Youtube, il est signé chez Epic et les plus grands (Beyoncé, Drake, Rihanna,…) reprennent sa danse. Après de nombreux remixs officieux et quelques scènes, Bobby $hmurda balance enfin le remix officiel avec Fabolous, Jadakiss, le chanteur Chris Brown, Busta Rhymes et Yo Gotti. Monsieur Shmurda doit maintenant réussir le vrai défi : sortir un deuxième titre aussi efficace.
http://youtu.be/bxzvhJjlfcc
Le retour de M.O.P !
Leur musique est au rap ce que le métal est au rock ! Billy Danze et Lil Fame ne connaissent qu’une seule manière de rapper : balancer des rimes à s’en faire cracher les poumons. Depuis How About Some Hardcore, son premier coup d’éclat en 1994, M.O.P n’a jamais changé. Lil Fame et Billy Danze rappent pour représenter leur quartier, Brownsville à Brooklyn, et les « sans-dents » qui n’ont pas pu croquer la Big Apple. Au milieu des années 2000, ce « blue collar rap » a même séduit le Roc-A-Fella de Jay-Z, puis le G-Unit de 50 Cent. M.O.P n’a malheureusement jamais sorti d’albums chez l’un ou l’autre. Le duo a ensuite repris la route et même travaillé avec The Snowgoons, un collectif de beatmakers allemands. Vingt ans plus tard, Billy Danze et Lil Fame, présentent 187, tiré de leur prochain EP Street Certified. Ils seront en France dans le Festival Twenty Four du samedi 27 au 28 septembre.
Curren$y et Birdman : une histoire de monnaie
10 G’s ou « 10 Grand » veut dire en argot 10 000 dollars. C’est également le titre d’une chanson de Curren$y tiré de sa mixtape The Drive In Theatre, sortie en février dernier. Pour le remix de ce titre, Curren$y se devait d’amener une distribution d’exception. Le rappeur de New Orleans a préféré la « qualité » à la quantité pour son remix. D’abord Gunplay a convié le Tahiti Bob du Maybach Musci Group de Rick Ross. Ensuite il y a Birdman, le patron de Cash Money Records, dont la fortune, selon le magazine Forbes, est estimée à 160 millions de dollars. Agréable surprise le businessman de 45 ans lui donne un couplet presque à la hauteur de cette excellente prod de Cardo. Vous pouvez retrouver 10 G’s dans son nouvel EP Saturday Night Car Tune, téléchargeable ICI.
https://soundcloud.com/dailyloudmusic/curreny-feat-birdman-gunplay-10-gs-remix
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