Accompagné de ses vieux compères Neil Clark et Blair Cowan, Cole livre un album de synthpop surprenant et réussi.
Quelle patine le temps accordera-t-il à Guesswork ? Prendrons-nous dans quelques années le même plaisir à réécouter le nouvel album de Lloyd Cole comme on en prend toujours à redécouvrir Music in a Foreign Language (2003), l’une de ses plus belles réussites en solo ?
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Une certitude en tout cas, et une nouvelle rassurante pour tous ceux qui seraient d’abord déroutés par le virage électronique de l’ancien leader des Commotions : Guesswork gagne, et gagnera encore, à être écouté en long, en large et en travers.
Troublant crooner
Dérouté, il y a de quoi l’être pourtant. Inspiré par la pop synthétique des années 1980, Lloyd Cole a choisi de laisser moins de place aux guitares pour mettre à l’honneur claviers et boîtes à rythmes et nous ramener ce faisant plus de trente ans en arrière dans un voyage parfois désarçonnant.
Il a ainsi fallu plusieurs écoutes pour profiter pleinement de Violins qui, sous ses abords de pop song à la mélodie trop facile, presque agaçante, cache en fait une épaisseur née d’arrangements plus complexes qu’il n’y paraît.
On est loin des premières réflexions électroniques du songwriter anglais qui avait, en 2013, collaboré avec l’une des figures emblématiques de l’ambient, Hans-Joachim Roedelius, pour un résultat beaucoup plus expérimental (Selected Studies Vol. 1). Mais il ne fait aucun doute que ces échanges ont inspiré Lloyd Cole et contribué à nourrir ce réjouissant Guesswork.
Parolier hors pair, Cole sait conter les histoires et déboires du quotidien comme personne, sans jamais toutefois délaisser son sens précieux de la mélodie. Et si les synthés dominent, la guitare apporte un twist canaille sur When I Came Down from the Mountain ou prend carrément la lumière, grâce à un Neil Clark inspiré, sur Night Sweats.
Troublant crooner, Cole joue aussi la carte de l’émotion quand il le faut. Ouverture majestueuse, The Over Under, portée par son ambiance crépusculaire et son magnétisme fou, est peut-être l’une des plus belles ballades qu’il ait jamais écrites ; quant à Remains, elle va lorgner du côté de la pop planante de The Blue Nile et doit sans doute beaucoup au magnifique Let’s Go Out Tonight.
Rarement aussi touchant que lorsqu’il se livre ainsi, Lloyd Cole confirme que, sous les ornements de pop songs habilement troussées, le dépouillement lui va aussi à ravir.
Guesswork (earMUSIC/Verycords/Warner Music)
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