Le gargantuesque Live Nation et le mastodonte Ticketmaster ont fini par obtenir des autorités US le droit de se marier. Le tout forme un quasi-monopole sur l’industrie de l’entertainment qui ne manquera pas d’inquiéter.
On connaît les peurs, souvent légitimes, que le rouleau compresseur Live Nation fait naître chez les plus petits et les plus indépendants que lui. Désormais installée et bien installée en Europe, la compagnie est l’un des plus imposants mastodontes du show business US. Outre de mirobolants et juteux contrats « 360° » (concerts, albums, produits dérivés…) avec quelques très gros noms comme Madonna, U2, les Rolling Stones ou Jay-Z, Live Nation est ainsi propriétaire de près de 130 grosses salles aux Etats-Unis ou en Europe (dont la Wembley Arena londonienne, ce genre de micro tripot), organise chaque année des dizaines de milliers d’événements musicaux ou sportifs (dont le 84 Lumber Classic of Pennsylvania, quand même).
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Au total, la grasse bagatelle de près de 22 000 raouts en 2008 pour des revenus toujours plus fertiles. Live Nation est donc gros, très gros, voire un peu obèse. Mais Live Nation va encore gagner beaucoup de lard -et les inquiétudes quant à l’impact d’un tel gigantisme sur une concurrence désormais plus de taille à lutter ne vont pas manquer de ressurgir, plus aigües encore.
Car c’est carrément avec le véritable maître de la vente de tickets de spectacles aux Etats-Unis, Ticketmaster, que Live Nation va officiellement se marier, l’ensemble à venir formant un quasi-monopole ahurissant sur l’industrie de l’entertainment aux Etats-unis. Ticketmaster n’est effectivement pas un nain : la firme a vendu plus plus de 140 millions de tickets en 2008. Elle est surtout propriétaire d’un autre acteur majeur du marché, l’imposante compagnie de management Front Line Management, qui représente les intérêts florissants plus de 200 artistes tels les Eagles, Miley Cyrus ou Neil Diamond.
Le mariage avait été annoncé de longue date, mais le Department of Justice américain avait d’abord senti le vent mauvais du monopole souffler sur une industrie déjà inquiète pour son avenir, et avait décider de se pencher de près sur le cas. Un an d’enquête de la part de l’antitrust division, de multiples et bruyants plaintes d’artistes (Trent Reznor ou Bruce Springsteen notamment), d’officiels ou d’associations, la crainte que la fusion ne découle directement sur une hausse décidée et maîtrisée du prix des billets n’ont pas eu raison des désirs d’alliance des deux géants.
Car le Department of Justice a fini par craquer, dans une affaire considérée comme un test pour l’administration Obama et sa stratégie contre les pratiques anticoncurrentielles. Le mariage a donc été autorisé, mais sous certaines conditions. Ticketmaster devra ainsi se séparer de l’une de ses filiales de vente de tickets à un concurrent plus petit, et licencier son système logiciel à d’autres acteurs du marché. Les activités du nouveau geant seront, au surplus, surveillées pendant 10 ans par une structure officielle ad hoc.
Certains analystes parlent d’un très joli coup pour Live Nation, renommé pour l’occasion Live Nation Entertainment, notamment par la mainmise sur Front Line dont le rôle sur la fixation du prix des billets est prépondérant aux Etats-Unis. Certains notent a contrario l’importance de la licence du système logiciel de Ticketmaster à des acteurs extérieurs au nouvel ensemble, analysant que cette mesure imposée pourrait permettre à de nouveaux concurrents d’apparaître sur le marché.
Les opposants de toujours à la fusion, regroupés sous la bannière TicketDisaster.org, restent quant à eux plus que sceptiques. « Bien que nous apprécions les efforts du Department of Justice pour imposer des concessions utiles aux parties, nous demeurons inquiets quant à leur véritable application par les deux entreprises, dont les comportements anti-consommateurs sont historiques » a ainsi déclaré Sally Greenberg patron de la the National Consumers League.
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