En 1970, le Velvet Underground a mis des fleurs dans sa fureur. Aux rythmes anguleux et aux refrains raides comme des piquets de clôture barbelée de The Velvet Underground & Nico et White Light/White Heat succèdent des couplets tout confort et des harmonies douillettes ? on peut désormais se glisser dans les chansons de Lou […]
En 1970, le Velvet Underground a mis des fleurs dans sa fureur. Aux rythmes anguleux et aux refrains raides comme des piquets de clôture barbelée de The Velvet Underground & Nico et White Light/White Heat succèdent des couplets tout confort et des harmonies douillettes ? on peut désormais se glisser dans les chansons de Lou Reed sans avoir un épiderme de fakir. Mais si, exhibés en ouverture de Loaded, les délicieux (quoique parodiques) drapés de Who Loves the Sun pourraient être l’œuvre des richissimes tailleurs d’Abbey Road, plus personne ? et surtout pas son leader ? ne rêve pour le Velvet d’un avenir cousu d’or.
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Pendant l’été, en marge de l’enregistrement de Loaded, c’est dans un Max s Kansas City souvent à moitié vide que les survivants de la bande à la banane jouent cinq soirs par semaine. Excusée pour cause de préparation de biberons, Moe Tucker a été remplacée par un batteur lycéen, aussi bavard derrière ses cymbales que Lou Reed face à un micro. Le 23 août, Lou est d’humeur testamentaire ? pour lui, le Velvet est une affaire classée, mais son répertoire reste un formidable florilège de classiques. Lors de son ultime concert au sein du groupe, il glisse donc ses plus sublimes ballades (dont un Candy Says nappé de chœurs doo-wop) et, secondé par son sosie vocal Doug Yule, en roucoule des versions rendues bouleversantes par la conscience qu’il a d’être en train de leur dire adieu. Dans la salle, une maniaque des archives sur magnétophone enregistre, en basse fidélité, cette soirée historique.
Boudé lors de sa première sortie pour délit de tracklisting radin et de son étriqué, Live At Max s Kansas City ressort aujourd’hui sous la forme d’un double CD restituant, bruits d’ambiance compris, l’intégralité (et l’émotion) d’un concert historique. Belle occasion de jeter une oreille dans un haut lieu de l’underground (aujourd’hui converti en échoppe à sushis’) et de se demander qui pouvaient bien être les deux Français dont le micro indiscret de Brigid Berlin capte, à la fin de Some Kinda Love, la féroce prise de bec. S’ils se reconnaissent, leur témoignage nous intéresse
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