Un live ancestral et sublime des pionniers du rock électronique.
Grâce à deux rééditions à moitié pirates, on a redécouvert en 2007 l’importance et la beauté des deux albums du trio allemand Harmonia sortis vers le milieu des années 70. Deux disques faits par les deux membres de Cluster et le guitariste de Neu : de quoi appâter n’importe quel fan de krautrock (et bien plus si affinités avec la techno, l’electronica, le rock planant, etc.). Même les fans hardcore ignoraient qu’Harmonia avait donné des concerts : on aurait donné très cher pour pouvoir y assister et voir comment ce groupe parvenait à construire en direct ses sons à la fois incroyablement cosmiques et très organiques, flirtant avec le monolithique répétitif et la construction de paysages sonores d’une finesse inouïe.
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Ce Live 1974 est donc un vrai trésor, dépassant toutes les espérances en étant bien plus qu’un simple document d’époque pour fétichistes. Le son d’abord est assez splendide : à la limite entre la clarté du studio et la rugosité brutale d’un enregistrement sur le vif. Et plus que tout, il est incroyablement prenant et intrigant : on y décèle la manière dont le groupe reproduit ses morceaux, en improvise des variations et l’on comprend à quel point il préfigurait la manière dont la musique électronique des années 90 et 2000 allait réinventer le rapport à la scène et au public en se déployant sans batterie, sans section rythmique.
Mais, contrairement à ses héritiers, Harmonia jouait encore avec des instruments rock. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter la férocité de la guitare, les ritournelles hypnotiques des orgues électriques filtrés par des effets déliés et l’interaction entre les trois musiciens qui sont en constante communication télépathique, organisant une suite de morceaux captivants, qui durent juste le temps qu’il faut à l’auditeur pour comprendre qu’il vient d’être submergé et emmené dans un au-delà musical dont on a rarement retrouvé la formule depuis. Il y a ici beaucoup de choses qui évoquent Kraftwerk, Brian Eno, Roxy Music, mais ceci n’est pas un disque de krautrock de plus : juste un excellent album qui illumine la fin de 2007 tout comme le concert dont il est tiré a dû illuminer les oreilles de tous ceux qui y ont assisté en 1974.
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