La chanteuse gothique franchit un cap avec un album plus ouvragé.
Yeux noirs, nez aquilin, longue chevelure de jais : Marissa Nadler a les traits d’une héroïne de la Grèce antique. C’est d’ailleurs comme une Pénélope folk, filant et défilant inlassablement son ouvrage mélodique, pinçant sa guitare pour conjurer la solitude et l’attente, qu’on se plaît à l’écouter depuis cinq ans. Noyant sa voix dans un écho qui la transformait en aura spectrale, l’Américaine semblait envoyer des signaux depuis une époque et un pays lointains. Avec Little Hells, elle se rapproche de ses contemporains, ouvre notamment sa porte au producteur Chris Coady (TV On The Radio, Grizzly Bear…) et au batteur Simone Pace (Blonde Redhead). Ceux qui aimaient l’entendre livrée à elle-même crieront à l’hérésie ; ils auront tort. Ainsi entourée, Nadler se donne simplement les moyens d’affirmer un peu plus sa personnalité. Altière descendante d’une lignée qui mène d’Edgar Allan Poe (l’inspiration gothique des textes) aux pythies cold-wave (Mary Come Alive, à faire pâlir de jalousie la vieille Siouxsie) via Leonard Cohen (les ballades guitare-voix, empreintes d’une gracieuse solennité), elle campe aujourd’hui une fort gracieuse princesse des ténèbres, escortée par des ombres qui allongent la portée de ses mélopées.
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