En juin dernier s’ouvrait le procès de Gilles Bertin, ancien leader du groupe punk Camera Silens, qui s’est rendu à la justice après 30 ans de cavale. France Culture retrace dans un documentaire audio son parcours atypique.
Le 27 avril 1988, une bande d’une dizaine de braqueurs réussissaient un casse d’une valeur de 11,7 millions de francs, en s’attaquant au dépôt de la Brink’s à Toulouse. La police est alors loin de s’imaginer que ce braquage à main armée est l’oeuvre d’un mélange étonnant de musiciens, d’anarchistes, et de toxicos. Parmi eux, Gilles Bertin, ancien chanteur et bassiste du groupe punk Camera Silens. France Culture retrace le destin improbable du Bordelais dans un documentaire audio en deux parties, intitulé Gilles Bertin, une vie en sursis.
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« On ne savait pas quoi faire de nos dix doigts »
« On a habité, Gilles [Bertin] et moi, dans un petit appart et puis on a décidé de monter un groupe« , se souvient Benoît Destriau, ancien guitariste de Caméra Silens, au micro de Stéphane Bonnefoi. Dans les années 1980, le groupe avait alors rapidement pris beaucoup d’ampleur, jusqu’à remporter en 1982 le tremplin Rockotone, à égalité avec Noir Désir. Camera Silens enregistre alors son premier album, Réalité.
Mais comme le souligne le documentaire, l’héroïne et les pogos ne comblaient plus Gilles Bertin qui est parvenu à la conclusion quu’être punk « ne suffisait peut être pas » et qu’il « fallait aller plus loin« . C’est après un passage par la case prison pour délit mineur que le Bordelais avait fait la connaissance d’anarchistes basques. « On n’avait pas d’avenir, on ne savait pas quoi faire de nos dix doigts et par dessus ça, la maladie est arrivée« . Témoin de l’épidémie du SIDA qui touche de façon très violente les milieux punks dans lesquels il évolue, Gilles Bertin se lance dans différents braquages, avant de réussir le coup de la Brink’s à Toulouse.
Ne plus mentir
Alors que la première partie du documentaire se concentre sur les années « punk, drogue et Brink’s » de Bertin, la seconde traite, elle, de sa cavale qui aura duré près de 30 ans, et de sa reddition. Le Bordelais a été le seul de ses camarades de braquage à s’échapper de France pour s’installer anonymement en Espagne. Là-bas, il ouvre un disquaire et fonde une famille. C’est d’ailleurs pour ne plus « mentir » à son fils que Gilles Bertin a décidé de passer la frontière en 2016, accompagné de son avocat Christian Etelin. Il avait finalement été condamné à 5 ans de prison avec sursis.
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