C’est devant un Bataclan comble et surexcité que l’insolente poupée de la power-pop britannique débarque sur scène, clope au bec, baskets aux pieds, et robe noire de petite fille sage en prime. Lily Allen arrive en terrain conquis, mais se montre bien décidée à s’acoquiner, en deux gloussements enfantins, un public déjà réjoui.
En réorchestrant la totalité de ses morceaux pour les rendre plus reggae et festifs, la petite peste de l’Angleterre a vu juste. Saxo, trompette et trombone accompagnent à merveille ses tubes épicés, de LDN, qui ouvre le show, à Alfie, qui le conclura une heure et demie plus tard. Entourée de ses sept musiciens, la fille du célèbre comédien Keith Allen s’échauffe sur les premiers morceaux avant d’exploser sur Everything’s Just Wonderful, qu’elle dédie hilare « à tous les connards, à tous les premiers ministres, et au président des Etats-Unis ! ».
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En vraie rappeuse, la jolie Lily interpelle la foule sur une reprise réussie d’un tube de 50 Cent, Window Shopper ; en véritable gamine espiègle, elle sautille et minaude comme une reine sur ces impertinentes comptines sucre d’orge. Quoi qu’en disent certains, la jeune chanteuse possède un charisme renversant. Aussi à l’aise qu’un papy du rock, Lily Allen étonne par sa capacité à faire si facilement de la scène son terrain de jeu, et de ses chansons un journal intime débité à qui veut l’entendre.
« Je tiens à dédicacer la prochaine chanson aux mecs qui en ont une toute petite. J’en ai connus quelques uns dans le passé, et je peux vous dire que ce n’est pas une bonne affaire les filles ! » lance-t-elle sans le moindre souci de pudeur. Naturelle jusqu’au bout des ongles, celle que l’ont dit future maman fume comme un pompier -s’interrompant régulièrement pour demander une cigarette à son manager-, et crache parterre comme un cow-boy. Et c’est sûrement ce qui plaît chez Lily Allen : cette spontanéité affolante, cette sincérité à toutes épreuves qui transforme ses concerts en soirées de débauche entre filles, durant lesquelles il est de bon ton de ridiculiser la gente masculine en racontant, sans retenue, les pires anecdotes à leur propos.
Cette constante apologie du girl power cache pourtant une fragilité et une douceur insoupçonnée, que la belle dévoile finalement sur l’attendrissant Littlest Things, avant d’entamer une reprise aérienne du mythique Heart Of Glass de Blondie, et d’offrir au public une nouvelle composition intitulée Sunday Morning.
De l’efficace Absolutely Nothing à l’inévitable Smile, les mélodies de Lily Allen contrastent avec la violence ambiante des succès britanniques actuels -qu’elle ne manque d’ailleurs pas de s’approprier allègrement, comme en témoigne son agile reprise du Oh My God de Kaiser Chiefs-, et apportent une touche de fraîcheur et de légèreté appréciable. Il n’y a qu’à voir les sourires béats de la foule au sortir du concert pour affirmer que les pépites pop euphorisantes de la ravissante Anglaise ont un bel avenir devant elles.
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