En marge des festivals mâles et poilus, le Lilith Fair Festival américain n’accueillait que des artistes et groupes féminins. Grâce à sa cohabitation culottée des stars MTV Fiona Apple ou Joan Osborne avec les curiosités touristiques Autour De Lucie ou Victoria Williams, cette branche centriste et présentable du MLF aura été le succès inattendu d’un été où les hommes rasèrent les murs.
« Lilith était parfaite, la première féministe au monde. C’était la première femme d’Adam, qui voulait être traitée comme son égale. Quand Adam a refusé de la traiter en égale, elle lui a dit d’aller se faire foutre et elle est partie. » Ainsi s’exprime Sarah McLachlan 29 ans, chanteuse canadienne, star aux Etats-Unis et organisatrice du Lilith Fair Festival. Tournée composée uniquement d’artistes féminines et sillonnant les Etats-Unis en juillet-août, pendant sexy et gentil du trashy et testostéroné Lollapalooza « où les femmes sont très marginalisées », le Lilith Fair fut, avec ses trente-deux dates et une soixantaine de chanteuses ou de groupes différents, l’événement musical majeur de l’été aux Etats-Unis : salles et stades de dix à trente mille personnes complets des jours à l’avance, couverture médiatique impressionnante, site Internet exhaustif. De quoi largement éclipser la cuvée 97 du Lollapalooza, où Prodigy tenait pourtant la tête d’affiche. Oubliant que Lilith est revenue sur les devants de la scène métamorphosée en vengeresse, voleuse de bébés et mère de démons et histoire de bien faire passer le message bon enfant, festif et communautaire , Sarah McLachlan a sous-titré son festival « une célébration des femmes en musique » et insiste (se justifie ?) à chacune de ses interventions sur le fait qu’il n’est pas question « de ne pas impliquer les hommes ou de les exclure ».
Jones Beach, Etat de New York. Les hommes ont dû s’exclure d’eux-mêmes. Le chemin menant au site des concerts longe une plage chic de Long Island magnifique résidence de Gatsby. 80 % de grappes de filles, les 20 % restants étant composés par les petits amis traînés de force, quelques pères venus en surveillance et quelques téméraires fans mâles. Le cauchemar du misogyne. Le cauchemar du rocker, donc. Des filles partout et toutes sortes de filles, de la clueless girl, midinette de 18 ans, portable dans une main et volant de la décapotable dans l’autre, à la working girl ayant à peine eu le temps d’enlever son tailleur pour enfiler jeans et T-shirt Gap du week-end, en passant par quelques quadras foldingues échappées d’Absolutely fabulous. Curieusement, peu de lesbiennes au militantisme porté avec ostentation (crâne rasé et rangers), peu d’ancêtres MLF à la coupe Patti Smith, pas de rrriot girl. Un public propre sur lui, à l’image d’une affiche très fémininement correcte. Peu de professionnelles de la revendication parmi les amies de Sarah McLachlan : pas de Hole (trop sauvage), pas de Garbage (trop pétasse), pas de Björk (trop follasse), pas de Luscious Jackson (trop lesbiennes), pas de L7 (trop sales). Juste des chanteuses pop, des chanteuses propres. Quelques grosses têtes d’affiche Joan Osborne, Tracy Chapman, Fiona Apple , de petits noms (Tara McLean), une poignée de rockeuses indé (Juliana Hatfield), une mini-légion étrangère (Cardigans, Autour De Lucie, Alisha’s Attic) et une grande cause (Victoria Williams, se débattant toujours contre une sclérose en plaques)… Pour flatter la bonne conscience de l’organisatrice, un dollar par entrée est reversé à une organisation de protection des femmes. Dans le Village, fourbi de petits stands, on vend des robes en tissus indiens, de la verroterie, des T-shirts pas un XXL en vue, ici, c’est le règne du maigrelet et beaucoup de merchandising Sarah McLachlan. Disques, bijoux, lithos, posters, tasses à café, cartes postales, vidéos on se demande parfois si, à l’image de Catherine Lara aux Francofolies, ce n’est pas ici la Fête à Sarah.
Plus loin, diverses associations distribuent inlassablement leurs tracts : pour l’avortement, contre la violence envers les femmes, pour la lutte contre le sida, la protection de la nature ou le planning familial.
C’est dans ce village de toile que sont plantées les deux petites scènes sur lesquelles les artistes les plus passionnantes du festival Fiona Apple exclue, elle joue dans la cour des grandes, l’arène se produiront. Le Lilith, mené d’une main de femme mais d’une main de fer ferme, est une organisation qui roule : les concerts commencent scrupuleusement à l’heure et ne durent pas une minute de plus que le temps prévu. Après une première prestation plutôt navrante coupures de son et oubli de ses propres paroles de Tara McLean, enchaîne sans repos respiratoire le concert d’Autour De Lucie, devant un parterre de gamines gaies et attentives. Très en joie d’être là et pas encore trop épuisés par une promo pourtant intensive, les seuls Français présents au Lilith mordent à vif dans leur répertoire pop et férocement francophile (pas une seule concession à une petite parole en anglais) pour vingt malheureuses et frustrantes minutes un type est même chargé de décompter les secondes à l’entrée sur scène. Un show qu’aucun minutage ne viendra empêcher de prendre son ampleur et son envol le lendemain lors d’un concert dense et finement énergique dans un club new-yorkais. Encore tout émerveillés d’avoir été invités au Lilith Fair par leur label américain Nettwerk (label qu’ils partagent avec Sarah McLachlan) et de créer une petite sensation sur les college-radios, les membres d’Autour De Lucie s’étonnent, rendent grâce, mordillent la main nourricière, sans avoir une seule fois recours à la langue maternelle du pays hôte la langue de bois. « Notre label américain a travaillé pour nous avec beaucoup de ferveur, on nous fait faire énormément de promotion, des concerts quasiment tous les jours du mois, il faut qu’ils nous rentabilisent, on n’est pas là souvent. C’est fatigant non seulement à cause des distances entre chaque ville mais c’est surtout qu’ici, il faut être assez expansif pendant les concerts, parler entre les morceaux, donner des dédicaces ensuite. Ça me trouble quand ils nous disent froidement « I love you », mais je comprends le côté expansif des Américains, l’utilisation des superlatifs : tout est tellement limité dans leur manière de vivre, on a tellement le droit à rien ici que tout rejaillit d’une manière superficielle dans le langage et les rapports humains. Sarah McLachlan, elle aussi, est très gentille, mais elle est carrée, il n’y a rien qui dépasse, elle dit exactement tout ce qu’il faut dire pendant le concert,
elle est parfaite. C’est une grosse machine, puissante. Tous les soirs, elle chante en dernier, elle dort dans son bus, elle parle à tout le monde parce que c’est quand même elle qui organise, elle fait des conférences de presse, adorable, toujours super-souriante. On n’a pas l’impression qu’il y a un moment où ça ne va pas, elle n’a pas une faiblesse, on ne l’a pas vue faire la gueule une seule fois. Elle est presque pas humaine. Son festival de filles a un côté un peu rétrograde quand même, mais je comprends que ça ait lieu aux Etats-Unis : les femmes ont encore des problèmes par rapport à l’avortement, elles sont encore obligées de revendiquer leur féminité. Mais moi, le côté « on est toutes des artistes féminines », ce n’est pas ça qui m’a intéressée, c’était surtout la chance de pouvoir venir ici, de nous faire connaître. Surtout que les seuls groupes français qui ont tourné ici récemment, c’était des groupes qui chantent en anglais, les Thugs et Sloy. Pour les Américains, Paris, c’est en Europe. La France, à part pour le vin… »
Longs cheveux bruns, chapeau en crochet, lunettes rondes et dentition de cheval, Victoria Williams est de toutes les Américaines présentes ici la plus fraîche et la plus spontanée. Assise derrière son orgue ou une vieille guitare qui refuse de s’accorder, elle jacasse avec ses deux musiciens dont son mari, Mark Olson, ancien chanteur des Jayhawks , sortis d’un film de John Sayles, à la dégaine de cowboys et aux instruments millésimés Petite maison dans la prairie. Personnage très public, Victoria Williams passe cinq minutes à donner aux gens qui le réclamaient des nouvelles de sa chienne qui vient de mettre bas, signe des autographes et embrasse des bébés hélas, elle en raccourcit d’autant son concert de country-folk brinquebalante et minimaliste. « J’ai trouvé que l’idée de faire un festival de filles était excellente, c’était l’occasion de faire en sorte que des voix féminines soient entendues. Toutes les filles sont vraiment très mignonnes, très gentilles entre elles. Il y a comme une espèce d’entraide entre nous. D’habitude, personne ne pense jamais à aller m’acheter des produits spéciaux en pharmacie, mais ici ils l’ont fait, ils font attention aux artistes. »
Sans intérêt, les Anglaises d’Alisha’s Attic succèdent à Victoria. Leur concert unplugged censé révéler la carcasse de chansons ordinairement portées sur la surcharge et le stuc ne fait qu’en révéler l’absence de formes, l’étonnante vacuité. Les Cardigans, à qui incombent les lourdes tâches de réanimer les festivalières endormies par la chaleur et les apathiques Britanniques, mais aussi d’inaugurer l’arène de dix mille places, s’acquittent péniblement de l’exercice imposé, avec un mauvais esprit appuyé. « Nous venons de Suède, ça ne fait pas partie des Etats-Unis », ricane la chanteuse. Déprimés par la disparition d’un proche du groupe, ils parviennent à peine à éveiller l’intérêt du public avec leur Lovefool, pourtant ici un tube tout-public depuis la BO du film Roméo + Juliette. Juliana Hatfield, qui suit, est la première à jouer devant son fan-club privé, massé devant la scène. Teigneuse, daignant à peine regarder par-dessous sa frange ces fans trop passifs pour elle, elle expédie sans flamme ni mélodies son rock à l’exception malicieuse de My sister. « A vrai dire, j’ai accepté de participer parce que je m’ennuyais un peu, j’avais pas mal de temps libre. J’ai hésité avant d’accepter, je n’étais pas certaine de vouloir faire partie d’un show où il n’y aurait que des filles par peur d’être mise dans un ghetto, puis j’ai réalisé que je me posais trop de questions. »
Première vraie star à jouer à Jones Beach consécration cette semaine même sur MTV, où elle a monopolisé l’émission 120 minutes et joué son propre Unplugged , Fiona Apple, maquillée à la Theda Bara, offre à l’amphithéâtre sa première ovation. Sûre d’elle et très en forme elle semble avoir enfin abandonné le championnat du monde de l’anorexie , elle fait manger le public dans sa main avant même de commencer. Attaquant par un Shadowboxer sobrement joué au piano, elle enchaîne sur une performance éblouissante, ondule, se contorsionne, une lueur toujours inquiétante dans son regard de ciel, ses longs bras mal dépliés battant l’air. « La musique n’est pas tant une carrière pour moi qu’une mission personnelle pour me débarrasser de toutes mes craintes, mes insécurités. Aller sur scène et avoir maintenant une maîtrise raisonnable du public, ça me paraît encore extraordinaire. C’est stupéfiant de me voir comme ça, si vous m’aviez vue il y a quelques années ! Quand j’ai commencé à chanter, j’étais terrifiée à l’idée d’être découverte, j’avais l’impression d’être une imposture, parce que je croyais ne pas être une vraie chanteuse, une vraie musicienne. Je suis toujours anxieuse, j’ai toujours peur de ma situation, j’ai toujours l’impression de ne pas avoir suivi assez de leçons de piano, de ne pas savoir lire la musique correctement, mais les autres musiciens ne m’intimident plus. J’ai trouvé mon propre chemin. Je ne joue jamais un rôle sur scène, je ne mens jamais dans ma musique. Mais bon, je ne me prends pas au sérieux dans le sens où je suis aussi capable de me moquer de ce que je fais, de mon côté pauvre petite fille sensible. Je suis bien consciente des possibilités comiques de mon image tragique. » Cheminant à contre-courant d’une maladie très en vogue dans le rock américain la cellulite et le succès marchent de pair , la musique de Fiona Apple a gagné en finesse et en délicatesse. Tous vêtus de robes, les musiciens autrefois ramenards se rangent entièrement derrière cette voix rauque et improbable pour ce corps de petite fille. Plus de trace de fragilité ici, ce boulet qui fit de Fiona Apple la petite peluche des psychologues en culottes courtes. « J’ai toujours été celle qui était silencieuse et pensive, sérieuse. Tout le monde pensait que j’étais déprimée et c’est pour ça qu’on m’a envoyée chez le psy. Je n’aime pas l’image de la petite chose frêle et fragile que les gens ont de moi, il n’y a pas plus ennuyeux. D’abord, je suis sûre que ça vient de mon apparence je suis petite et de ma façon de m’exprimer. Mais ce que les gens ne comprennent pas, c’est que je peux chanter sur mes faiblesses ou sur les moments où j’étais plongée dans la douleur, mais que c’est de là que je tire mes forces également. »
Plutôt de la subtilité que de la force, un mélange de grâce Never is a promise, tel un esprit flottant sur le public et d’hystérie plus ou moins maîtrisée, où l’on sent le dérapage malsain possible à tout moment. « Ça me pose parfois un problème d’être toujours dans l’oeil du public, souvent composé en majorité de jeunes filles. Ce qui m’a poussé à écrire des chansons, c’est le fait que je ne suis ni sûre de moi ni très vertueuse. Quand je suis sur scène, il faudrait que je cache ça et ne me montre que sous mon meilleur aspect, histoire de servir de modèle… C’est dur, je n’y arrive pas toujours. »
Pas de virago déchaînée au Lilith. La soirée s’achève dans la quatrième dimension : trois des chanteuses les plus ternes de la terre alignent leurs tubes lisses et bien coiffés sous les applaudissements fades du public émoustillé à l’écoute de ce rock inventé pour que les cadres trentenaires modernes et sympa achètent du CD. Joan Osborne pourtant aidée par les belles cordes de Rasputina et Tracy Chapman répriment leur velléités acoustiques sous des basses funky et des guitares violentées par des alignements de requins. La GO vedette Sarah McLachlan une belle voix, comme disent les professionnels de la profession, quelque part entre Céline Dion et Mariah Carey enchaîne avec une rigueur mormone des ballades mid-tempo soigneusement inoffensives, parfaitement inodores et calibrées pour Taratata. Si les briquets étaient autorisés ici, il ferait jour dans l’arène. Très pro, Sarah remercie tout le monde d’être venu. « Je suis si fière et si humble de jouer sur la même scène que toutes ces merveilleuses femmes. » Puis sous les hurlements des fans enamourés : « Mon nouvel album est sorti cette semaine. » La vie est quand même rudement bien faite pour Sarah McLachlan.
Bien que le concept du festival, vu de près, sente un peu l’opération marketing carrée pour ramener aux concerts une population les filles qui s’y déplace rarement, bien que Sarah McLachlan en ait profité pour promouvoir au bulldozer son nouvel album, malgré la remise super-médiatisée du chèque géant aux organisations caritatives, les principales intéressées rejettent tout cynisme pour ne retenir que le côté boum entre copines du Lilith Fair. Pour Fiona Apple, « c’est confortable de jouer parmi des filles. Normalement, socialement, les femmes sont censées se tirer dans les pattes, être en concurrence, alors que les hommes ont le droit d’être dans la même équipe. Mais les femmes ont si souvent été obligées d’utiliser leur sexualité, leurs charmes, leur astuce, dans le passé et encore maintenant, qu’elles ont fini par se tourner les unes contre les autres. Au Lilith, c’est différent, on est toutes ensemble, on ne dit pas des ragots les unes sur les autres, au contraire, on s’apprécie mutuellement, c’est une sacrée étape pour nous. Cette tournée n’est pas un troupeau de filles s’asseyant dans un coin, prenant leur guitare et chantant des chansons folk au coin du feu, même si c’est l’image que certains voudraient donner au « rock de filles ». De toute façon, ce « rock de filles » ne devrait pas exister, ça donne l’impression que ça a moins de valeur que le rock tout court, que c’est plus facile à assimiler parce que c’est tellement plus sensible, tellement plus doux, comme une fille… Complètement ridicule. » Discours officiel un peu égratigné par Valérie Leulliot d’Autour De Lucie : « Le sous-titre du festival, « la célébration des femmes en musique », je trouve ça un peu fort. Il ne faut pas perdre de vue qu’à chaque fois il y a plus d’hommes que de femmes sur scène puisque les chanteuses ne sont accompagnées que de musiciens hommes. Vu de l’extérieur, ça fait un peu ghetto quand même, toute la presse américaine n’a communiqué que là-dessus, en montant de la rivalité entre les chanteuses. Et ce n’est pas faux. Bien qu’elles disent toutes ne sentir aucune rivalité, il n’y en a pas deux qui se parlent dans les loges. Paula Cole a déclaré forfait aujourd’hui parce que Joan Osborne jouait. Elles ne pouvaient pas être à la même affiche parce qu’elles se détestent. Elles ont chacune un ego énorme. »
N’empêche. Cette autocélébration rassure dans cette Amérique où il n’a pas toujours été facile pour les artistes féminines de se faire entendre sans se prendre de sévères torgnoles, où l’on a longtemps préféré les voir aux fourneaux qu’en tournée. Victoria Williams : « A mes débuts, j’avais réalisé une petite demo que j’avais fait parvenir à EMI et ils m’ont jetée en me disant avec mépris « Non, on ne veut pas de vous, on a déjà Kate Bush. » Je n’y ai pas cru. » Fiona Apple : « J’ai vite réalisé que si j’avais été incroyablement laide, je n’aurais jamais signé de contrat, parce que je ne serais pas un aussi bon objet de marketing. Moi, je sais que je suis là parce qu’à la base, j’écris des chansons et que je suis honnête. J’ai passé la plus grande partie de ma vie à me faire traiter de boudin et maintenant, les gens font des photos de moi, me maquillent et me trouvent jolie. Je trouve ça totalement bizarre. Est-ce que ces gens auraient été sympas avec moi quand j’avais 11 ans ? Vaincre ce malaise fait aussi partie de ce que j’ai envie de réaliser pour moi. » Soupir résigné de Valérie Leulliot : « Au début, c’était un peu difficile de me faire entendre, en studio notamment. J’ai été obligée de faire appel à des stratagèmes féminins et à des clichés de fragilité pour arriver à ce que je voulais. J’ai dû faire comprendre que j’étais une femme, qu’il fallait me ménager. Je n’ai pas eu le choix : quand je disais les choses calmement, on ne m’écoutait pas. Dans le regard des hommes, j’ai un peu l’impression qu’une fille qui fait de la musique sort de son rôle être mère. J’ai l’impression d’être vue comme une égoïste. »
Lilith, nous enseigne la mythologie, n’est pas sortie de la côte d’Adam comme sa meilleure ennemie Eve. Comme Adam, elle a été modelée dans l’argile. Indépendante et fière. Les filles du Lilith ont de qui tenir.
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