Des hommes norvégiens s’imaginent Américains de souche.
De Lee Hazlewood à Don Cherry, la Scandinavie a souvent servi de refuge à quelques mavericks américains, peu en odeur de sainteté chez eux. Depuis des années, ce sont le fuck-folk et la country à barbelés qui prennent leurs aises au Grand Nord, accueillis avec tous les égards par quelques cow-boys en moto-neige, fantasmant une Amérique sous le ciel lourd d’Europe. A l’époque de leur album These Days Do You No Justice, on s’était ainsi émerveillé de la capacité de ces Norvégiens à accueillir, autour d’un feu de camp en pleine neige, le lyrisme oblique de Leonard Cohen ou la mélancolie patraque de Tom Waits. On évoquait alors le risque de “spaghetti-western au saumon fumé”. Mais ces cow-boys amochés d’Oslo l’évitent une fois encore avec classe et force de conviction, avec une country-soul vibrante et dégraissée de tous les clichés – la même musique éclopée mais langoureuse qu’avait déjà invitée, avec une classe effrontée, le Suédois Tobias Froberg l’an passé. On parle donc d’une musique que les moins de 100 ans n’ont pas connue, la musique d’un saloon des Appalaches où des chemises de flanelles souillées se frottaient contre les dentelles et frous-frous, pour une valse hors du temps, édentée, animale. Jamais la rade d’Oslo n’a été aussi proche du bayou.
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