En pop, certaines références sont plus lourdes à porter que d’autres. S’il est assez facile d’être comparé aux Beatles ? qui ne l’a jamais été ? ?, il est déjà un peu plus délicat d’endosser la filiation du Velvet et carrément meurtrier d’être mesuré à Bob Dylan, statue du commandeur du folk-rock. Les rares qui […]
En pop, certaines références sont plus lourdes à porter que d’autres. S’il est assez facile d’être comparé aux Beatles ? qui ne l’a jamais été ? ?, il est déjà un peu plus délicat d’endosser la filiation du Velvet et carrément meurtrier d’être mesuré à Bob Dylan, statue du commandeur du folk-rock. Les rares qui y ont survécu, Neil Young ou Bruce Springsteen, sont devenus des monstres presque aussi sacrés. Mais qui depuis ceux-là, depuis trente ans, a risqué l’affrontement, armé seulement de son courage, de sa poésie et de sa guitare ? Un jour devait arriver pourtant où un inconnu aux yeux clairs, plus inconscient, plus ambitieux, plus doué que les autres, se lèverait et secouerait le joug de la déférence pour briguer une place au panthéon des grands songwriters américains.
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Ce jour est venu et l’iconoclaste se nomme Connor Oberst. Il est Bright Eyes et, à 22 ans à peine, traîne déjà un CV de surdoué : premier groupe à 14 ans, plus de soixante chansons en solo et un projet parallèle pour la route et pour le bruit, les Desaparecidos. Mais plus que les chiffres, ce qui impressionne, ce qui hisse Connor Oberst à la hauteur de ses ambitions, c’est son extraordinaire charisme. Chaton blessé, enfant fiévreux, auteur rongé par le virus de l’écriture, interprète possédant un sens inné du drame et de la mise en scène, Connor Oberst a l’éclat d’un diamant brut qui a trouvé en Lifted’ son plus bel écrin à ce jour. Tantôt arides, tantôt gansées de cordes et de velours, les chansons de Bright Eyes sont toujours habillées sur mesure, à contre-courant des principes étriqués des productions antifolk en vogue. Ambitieux et éblouissant.
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