Life

La planète commence à devenir trop petite pour Stephan Micus. Après l’avoir sillonnée en tous sens pendant trente-cinq ans, s’être initié à la plupart des instruments de musique qu’ait produit l’humanité ? et construit les autres de ses mains ?, il revient sur la terre d’exploits passés et arrive en Extrême-Orient en même temps que tout le monde. Il reprend son adaptation de poèmes zen bouddhistes là où il l’avait laissée avec son album Koan et raconte, dans le texte, une légende du cru, bilan d’un voyage initiatique ? et ça lui va bien. Quelques artifices technologiques aidant, sa voix démultipliée semble venir des profondeurs de la terre, domine orgues, cloches, flûtes, guitares folk

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Si authenticité il y a, c’est plus dans le produit fini que dans la façon dont le disque est fait. C’est que Stephan Micus n’oublie pas les arêtes dans son mélange, et Life est l’un de ses disques les plus exigeants. Sa voix tonne comme l’orage après plusieurs minutes de quasi-silence, les instruments à cordes s’entrechoquent comme autant de poignards volants. Toujours les arrangements restent minimaux ? on entend rarement plus de deux instruments à la fois.

Outre quelques merveilles instrumentales qui ont le don, comme souvent dans ses meilleurs disques (Ocean, Athos, Listen to the Rain), d’élever l’âme vers des endroits qu’aucune carte ne vient baliser, on retient que cette fréquence vocale ? et la profondeur certaine de son timbre ? finit par évoquer un autre voyageur musical, moins correct celui-là car portant un gros nez rouge folk gothique : Brendan Perry de Dead Can Dance. Moins limpide, beau et chiant que ses derniers disques, Life de Stephan Micus possède une force et une profondeur certaines.