Liam Gallagher plus fort que jamais, Octavian les deux pieds dans la légende, Insecure Men façon baléaric punk , Fat White au sommet et PLK dans la danse : nous étions au deuxième jour de Rock en Seine.
Les années se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Hier soir, sur la Grande Scène du Parc de Saint-Cloud, la bande-son de Fuckin’ in the Bushes a retenti comme dans un film de Guy Ritchie et Liam Gallagher a débarqué sur scène, fier comme un mancunien, pour en découdre avec l’Histoire. Bientôt dix ans maintenant que, dans les coulisses de Rock en Seine, les frères Pétard du rock anglais se sont balancé leur guitare à travers la tronche un soir d’août 2009, signant ainsi l’acte de décès du groupe anglais le plus important des années 90. Ce soir-là, le public, déçu mais conscient d’assister à un moment historique, prenait double ration de Madness.
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« La prochaine chanson est dédiée à Noel Gallagher »
Oasis est mort, vive Oasis. Liam Gallagher a beau avoir sorti un album solo qui en a plus dans le buffet que le Who Built the Moon de son frangin, il n’en demeure pas moins dépendant du répertoire d’Oasis. Chaque début de set ressemble ainsi à un revival post-Standing of the Shoulders of Giants, avec les classiques Fuckin’ in the Bushes et Rock’n’Roll Star, jetés en pâture à une foule carrément hystérique. Puis vient déjà le moment Morning Glory et son boucan façon hélicoptère qui décolle, avant un tunnel de morceaux issus de As You Were, dont le très rock’n’roll Greedy Soul, le très beau Bold et l’inévitable For What It’s Worth, complètement pompé sur tous les tics d’écriture et de composition de Noel. Tiens, quand on parle de Noel, avant de catapulter Champagne Supernova aussi rapidement qu’un boulet de canon, Liam se remémore 2009, « les backstage me semblent un peu familiers », dira-t-il et dédie la chanson à « Noel Gallagher ». Tandis que quelques fans hardcore réclament Little James, ballade psyché écrite avec les pieds mais qui résonne encore dans le cosmos, LG dédie le morceau suivant à Debbie, sa femme : Soul Love. Pas une chanson d’Oasis donc, pas même une issue de son album solo, mais l’un des plus beaux titres du répertoire de Beady Eye. Histoire de rappeler qu’il y a encore des trucs à sauver chez Different Gear, Still Speeding et BE, les deux albums de ce groupe éclair.
La suite, c’est carrément de la pornographie. Liam lâche You Better Run, avant d’enchaîner Supersonic, Whatever, Cigarettes and Alcohol, Wonderwall et, forcément, Live Forever. Stop ou encore ? Noel savait écrire, mais Liam restera toujours Oasis.
Fat White for ever
Encore du coup. C’est l’un des meilleurs concerts de Rock en Seine, de loin. On pourrait tout à fait s’arrêter là, laisser tomber tous les arguments faiblards en comparaison de l’énergie vraie du live et de l’instant présent, mais bon continuons un peu. Donc Fat White Family a démontré une fois de plus ce qu’était un bon live, un truc hors-sol, qui transpire l’histoire du rock sans tomber dans le pâle copier-coller d’un Iggy Pop en Iguane. Ils sont beaucoup, mais on n’a d’yeux que pour Lias Kaci Saoudi, chanteur classe, de ce chic débraillé, vicieux, tordu à la Television période Marquee Moon. Ça tremble un peu, pas non plus Joy Division et tant mieux. C’est puissant, furieux mais pas gueulard. Malgré leur réputation de drogués fous, auteur d’un premier album qui s’appelait tout de même Champagne Holocaust (puis de Songs for ou Mothers et d’une période crânes rasés), les Fat White ne finissent pas torses nus et transpirants, le rock est ici revisité au saxophone, à la balade noircie de sales pensées, une poésie sombre qui vous prend aux tripes.
Insecure Men façon baléaric débraillé
Un peu plus tôt dans la journée, Lias Saoudi traînait d’ailleurs ses Jesus du côté de la scène du Bosquet, où Saul Adamczewski et Ben Romans-Hopcraft jouaient avec les garçons fragiles de Insecure Men. Normal, il a écrit plus de la moitié de l’album. C’est branlant, bancal, un peu sourd parfois quand il s’agit de jouer un peu plus vite et un peu plus fort (Teenage Toy), mais les langueurs exotica de Subaru Nights demeurent aussi belles qu’un lever de soleil à Belleville. Ajouter le tragique à la beauté est un art d’équilibriste, que maîtrisent sans peine, voire même avec un certain dilettantisme insolent, Ben et Saul.
PLK dans la danse
PLK rappelle un peu Vald, peut-être les lunettes noires et les cheveux blonds, le lol en moins. Ici, le rap est sérieux, parle de joints, de vendre, d’acheter, de consommer, de concurrence, de compétition, d’être le meilleur, toujours, à tout prix, c’est carré, pas très original mais bien efficace. PLK est de Clamart, mais doit son pseudo à ses origines polonaises. PLK comme polak. Sur scène, Mathieu – pour l’état civil- assure, encadré d’un backeur et d’un dj. La tension, alimentée par des jets de feu qui vacillent entre le ringard et l’explosion égocentrique absolument géniale, atteint son climax sur Pas les mêmes, son tube, bourré de punchlines passives-agressives comme « tu veux la même sacem que Beyoncé ». Un album est attendu pour début octobre, comme il le lâche entre deux tracks. Parions qu’il ira loin, très loin, entre Vald, Roméo Elvis et Nekfeu.
Octavian dans la légende
Octavian parle un peu français, mais c’est en anglais, la voix cassée, rauque comme s’il avait traînait toute sa vie dans des bars humides en enfumés, qu’il rap. Le kid de South East London, adoubé un peu par hasard par Drake, débarque à Rock en Seine avec une solide équipe prête à faire définitivement de la capitale britannique l’épicentre des métissages musicaux les plus excitant de l’époque. UK Garage, Downbeat, Drill, Grime, c’est, en substance, en ces termes qu’il nous parle de l’héritage musical qui constitue sa musique, avant de rajouter qu’elle ne pourra jamais vraiment entrer dans quelque case que ce soit de toute façon. Peu importe, sur la foi de quatre titres branques (Party Here), Oliver Godji a déjà joué à travers le monde. En attendant la mixtape qui devrait sortir début septembre, lui et son pote de producteur JGBRM ont mis le feu à la scène de l’Industrie. Hâte d’en voir davantage.
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