Avec son cinquième et meilleur album, Róisín Murphy prouve que les dancefloors ne peuvent toujours pas lui résister.
Depuis la fin de Moloko, le duo qu’elle formait au milieu des années 1990 avec le producteur de Sheffield Mark Brydon et qui a synthétisé avec brio la quintessence de la dance anglaise, Róisín Murphy n’a eu de cesse de se remettre en question. D’ouvrir son champ des possibles en travaillant avec des musiciens et réalisateurs tous plus différents les uns que les autres. Que ce soit le sampleur-bruitiste Matthew Herbert, le génie de la house Maurice Fulton, le saxophoniste classique Mark Allaway, l’ingénieur du son de Timbaland Jimmy Douglass ou le producteur italien Sebastiano Properzi, et on en oublie en route.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le tout sous forme de quatre albums et d’une ribambelle de maxis, capables de passer de la tornade dancefloor à la pop feutrée, du jazz déconstruit à la comédie musicale, de la reprise haut la main de standards italiens au disco comme on n’en avait plus entendu depuis les seventies. Généreuse, Róisín Murphy prête aussi sa voix pour les Crookers, David Morales, Boris Dlugosch, Freeform Five ou encore DJ Koze quand on le lui demande, s’imposant comme la Loleatta Holloway des années 2000, la vocaliste qu’on appelait quand on avait besoin de booster un morceau club.
Références camp ou purs tubes de house
Icône underground de 47 ans, connue pour ses tenues délirantes qui empruntent autant à l’excentrique Leigh Bowery qu’aux clubs kids déjanté·es du New York des nineties, mais aussi pour son humour tranchant et son jeu de scène (ses vidéos enregistrées pendant le confinement londonien sont des petits bijoux de psychédélisme),
Róisín Murphy sort enfin le disque house et dancefloor qu’elle fantasme depuis dix ans. Accompagnée du légendaire Richard Barratt, vieux briscard des studios à qui on doit Testone de Sweet Exorcist, premier single sorti en 1989 chez Warp et manifeste de la bleep music. Mais aussi le projet The All Seeing I et son univers big beat avant l’heure dans lequel se sont allègrement servis Fatboy Slim ou The Chemical Brothers.
Dieu des consoles, resté dans l’ombre des studios de longues années par pure volonté, Richard Barratt balance depuis quelques années des tubes de house impeccables sur DFA sous l’alias Crooked Man. Vieux compagnon de route de Róisín (il officiait déjà dans Moloko), il a décidé avec elle de composer l’album de club parfait.
Alternant tubes disco (Jealousy), groove de fin de nuit (Something More) références camp au groupe Cheri (Murphy’s Law) ou purs tubes de house (Narcissus), Róisín Machine est un juke-box de concentré nocturne qui suinte les boules à facettes, la sueur des corps, l’énergie du dancefloor et l’hédonisme de l’ecstasy. Voté haut la main album le plus sexy de l’année, Róisín Machine est déjà un classique qu’on rêve d’entendre en club, mais qui fonctionne, en attendant des jours meilleurs, merveilleusement dans votre salon.
Róisín Machine (Skint/BMG)
{"type":"Banniere-Basse"}