Réédition d’un disque magnifique sorti il y a trente ans, dont l’auteur reste introuvable. Qui est Lewis ? Critique et écoute.
C’est une histoire qui en rappelle une autre, désormais fameuse. En 1983, un homme nommé Lewis a enregistré un disque intitulé L’Amour. La chose a paru via le label inconnu R.A.W, nul n’en a parlé et le mystérieux Lewis a disparu.
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Archéologie et réédition
Trente ans plus tard, un exemplaire du disque a été découvert par un collectionneur de vinyles qui fouillait les caisses d’un magasin de disques des puces d’Edmonton au Canada. Convaincu de détenir là un chef-d’oeuvre, l’heureux archéologue confie alors le disque au label Light in the Attic. La beauté des morceaux et le mystère qui continue de planer autour de son auteur – pas d’info sur le web, pas d’éléments biographiques réels disponibles – encouragent le label à rééditer l’album.
Car contrairement à ce qui est arrivé pour Sixto Rodriguez, personne n’a retrouvé celui qui avait fait L’Amour. Quelques recherches organisées par le label permettent ensuite de récolter de maigres informations : Lewis fut le pseudonyme de Randall Wulff, un pensionnaire du Beverly Hills Hotel qui conduisait une Mercedes décapotable et sortait avec une demoiselle aux allures de mannequin. Il fit appel au photographe punk Ed Colver, qu’il rémunéra avec un chèque de 250 dollars pour la pochette de son disque.
Le chèque fut rejeté, et le musicien ne donna plus jamais de nouvelles. L’enquête mena ensuite le label au Canada, où fut évoqué l’enregistrement par Lewis (mais sous un autre pseudonyme encore) de trois ou quatre albums de “soft-music” religieuse.
De somptueuses ballades rock enterrées
En somme, Lewis demeure un mystère. Ne reste comme ultime indice que cet énigmatique disque, L’Amour avec un A majuscule, et des chansons tout aussi capitales. Ces dix morceaux, d’ailleurs, semblent pallier le manque d’informations en dessinant une filiation entre son auteur et Tom Waits ou Nick Drake. Comme eux, Lewis pose son timbre envoûtant sur de somptueuses ballades de soie, qui ressemblent à celles qui peuplent les encyclopédies des plus beaux trésors cachés du rock.
Voix de velours, mélodies de satin, refrains chuchotés : en crooner sublime, Lewis enchaîne des chapitres délicats et romantiques, se faisant sans le savoir le père spirituel caché de Cass McCombs ou M. Ward. Le disque s’achève sur un Romance for Two dédié à la mannequin blondinette de l’époque Christie Brinkley – Lewis ne fut pas top model mais son disque mérite les podiums
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