Après trente ans d’absence, le passionnant Canadien Lewis Furey revient sur scène à Paris pour une série de concerts à L’Européen et réédite ses disques cultes : un must.
Une série de concerts à L’Européen à Paris et trois disques, rien que ça : il est grand temps de redécouvrir Lewis Furey. Né à Montréal en 1949, Furey est sans aucun doute l’un des secrets les mieux gardés de l’histoire du rock. Lors de ses études à l’université McGill de Montréal, il étudie la poésie auprès de Louis Dudek, le maître de Leonard Cohen. A ses deux élèves (qui deviendront amis), Louis Dudek a enseigné cette recherche symétrique de la grâce et de l’humilité.
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Cette grâce, Furey la côtoie de près sur ses deux premiers albums, que l’on réédite : Lewis Furey, enregistré en 1974 et sorti en 1975, et The Humours of…, publié un an plus tard. Sur son tout premier, Furey couche autant de perles pop excentriques (Hustler’s Tango, Lewis Is Crazy, Caught You, qui ose magnifiquement le saxophone) que de bouleversantes ballades (Louise, Love Comes, Closing the Door). L’ensemble est arrangé par le génial John Lissauer, à qui Leonard Cohen confiera la même année la réalisation de New Skin for the Old Ceremony après avoir entendu son travail sur Lewis Furey. Le disque est une flamboyante odyssée, sombre et soyeuse à la fois, sous influence Kurt Weill, d’où la guitare est totalement absente : un album qui place Furey très haut pour un premier essai.
[attachment id=298]L’année suivante, il réapparaît du côté de Londres pour enregistrer un second disque, The Humours of, avec aux manettes Roy Thomas Baker, qui vient tout juste d’achever A Night at the Opera de Queen (alors l’album le plus cher de tous les temps). Plus pop et sautillant que son prédécesseur, ce disque révèle un talent d’écriture hors pair sur des titres comme Lucky Man, Rubber Gun Show ou encore Lullaby.
En 1978, lorsqu’il décide en son âme et conscience, juste après son troisième album (The Sky Is Falling), qu’il ne sera pas une “star du rock”, Lewis Furey n’a sérieusement rien à envier à Bowie ou encore Lou Reed : il sait écrire des pop-songs troubles et parfaites – et en plus, il a une gueule d’ange. Mais dans le fond, il cherche déjà autre chose : explorer de nouvelles pistes musicales, toucher au cinéma, écrire pour les autres, se frotter à un répertoire plus classique (son éducation).
C’est cet itinéraire passionnant que propose de faire revivre un autre album, qui sort ces jours-ci, Selected Songs, sur lequel Lewis Furey a regroupé plus de trente ans de recherches musicales : on y retrouve des morceaux travaillés pour sa femme Carole Laure (la fantastique reprise de Doc Pomus et Mort Shuman, Save the Last Dance for Me, incroyablement réarrangée), quelques titres du disque Sentiments naturels, trip-hop et visionnaire, écrit avec Mirwais en 1997, mais aussi des extraits de l’album composé en 1985 avec son vieux pote Leonard Cohen, Night Magic.
A découvrir aussi, des morceaux composés pour son adaptation d’Antoine et Cléopâtre au Théâtre de la Ville en 2006. Un parcours à revivre aussi sur scène puisque, après des concerts exceptionnels donnés à Tokyo et Montréal en 2008, Lewis Furey a choisi d’investir Paris et l’Européen pendant quatre jours, du 4 au 7 février, pour une série de concerts somme où il revisitera ses morceaux les plus intenses.
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