Pour le clip de Juifs, Arabes, tourné dans le sous-sol d’une boîte gay, le pape déjanté de la contre-culture explose tous les intégrismes.
1. Sa Sainteté Philippe Ier
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Katerine nous avait jusqu’alors habitués aux grands espaces : plages finistériennes à oilpé (La Banane), routes de France visitées en camion et sous-pull rose (Louxor j’adore)… Dans le clip de Juifs, Arabes, réalisé comme d’hab par Gaëtan Chataigner, le chanteur nous convie dans le sous-sol d’une boîte de nuit nantaise et revêt l’habit épiscopal. Un rôle sur mesure pour celui qui, depuis le succès de Robots après tout, s’est réinventé en sainteté déjantée de la chanson française.
[inrockstv 62920]
Trublion incontrôlable, à la fois craint et vénéré par les animateurs télé (on se souvient d’un Nikos tremblant sur le plateau de la Star’Ac), il communie avec les foules en distribuant les hosties-décibels : “Je coupe le son/Et je remets le son.” Aux hérétiques qui crient au démon sur le net en entendant en boucle les paroles de son nouveau tube (“Juifs, Arabes, ensemble” répété ad libitum), il répond : “L’essentiel n’est pas dans les paroles.” Les voix de Katerine sont impénétrables.
2. L’église interlope
Dès que tu entends “ensemble”, c’est plus fort que toi, tu égorges un enfant de choeur avec les dents. On te comprend. Ce mot estampillé Anna Gavalda et UMP rend taré. Ensemble, c’est tout pousse au divorce, “Ensemble tout devient possible” à l’échec, “Laïcité : pour mieux vivre ensemble” à coucher avec un témoin de Jéhovah.
Mais miracle, ce soir-là, franchement éméché, tu as toqué à la bonne porte blindée : un grand Noir musculeux, au regard de braise t’a pris par la main et mené vers la lumière de son crew de keublas ultrasexy. Un paradis où se tient une messe d’un genre nouveau, tout à fait affriolante. La communion se fait collé–serré, soutane contre minishort, au son de la divine parole. Dans son église, Katerine accueille ensemble tous les canards boiteux, les losers, les délinquants, les voleurs, les moches, les gros, les assistés de la CAF, les drogués. Du moment qu’ils paient l’addition, mon gars.
3. Buvez, ceci est mon rhum coca
Katerine prêche un nouvel évangile à coups de rhum coca tiédasse, un “faites l’amour pas la guerre” crasse et sexe. Dans sa croisade absurde et poétique, “Juifs, Arabes, ensemble”, slogan surréaliste et dada, enfantin, sonne comme un nouveau psychédélisme seventies qui fait du bien. Aussi ado provocateur et candide que la France de 2011 est stupide. Un évêque dans une boîte gay qui prône la réconciliation entre Juifs et Arabes, c’est pas plus surréaliste que d’entendre Claude Guéant déverser des seaux de bile chaque jour que Dieu fait. Katerine affranchit les esclaves de la France UMP, ouvre les portes de son caboulot gay, son paradis perdu aux âmes damnées et lasses. Il leur dit : “Mec, viens, danse, chante et mets ton short en jean ultraconnasse.” Katerine, c’est le fou qui dit : “Dans ma boîte, mec, on se fait manger la banane en toute liberté”.
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