Avec son dixième album, toujours muni de sa guitare, le bricoleur anglais propose une bande-son torride pour l’automne.
Quel chemin parcouru ! Stephen Wilkinson, l’Anglais œuvrant sous le nom de Bibio, a toujours préféré s’enfermer dans son studio plutôt que de donner des concerts. C’est entouré de ses instruments qu’il réalise les voyages les plus dépaysants, poussant ses périples vers des destinations de plus en plus audacieuses.
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De ses débuts expérimentaux et lo-fi dans les années 2000, (sous influence, par exemple, d’un Steve Reich) jusqu’aux chansons remuantes d’aujourd’hui, il a fait mentir de nombreuses fois le triste et désuet proverbe “Qui trop embrasse mal étreint”. Car Bibio, depuis son premier long format pour Warp (Ambivalence Avenue, 2005), a laissé derrière lui le minimalisme initial pour imaginer des métissages colorés.
À rebours de certains collègues de label optant pour une ligne de conduite plus austère, cet homme-orchestre tente d’imiter, seul, les artistes qui l’ont remué, de Daft Punk à Sly Stone, João Gilberto ou le regretté J Dilla. Lui qui reconnaît être fasciné par les méthodes de production des sixties, seventies ou eighties parvient à retrouver la chaleur et la patine des enregistrements qui lui ont servi de déclencheurs. BIB10, dixième album d’une bouillonnante discographie, s’affirme même comme sa tentative la plus probante d’approcher les maîtres du groove précités.
Le pouvoir de la guitare
Ça ne l’empêche pas de garder intacte sa signature sonore qui trouve sa source dans un instrument des plus traditionnels de la musique populaire, la guitare. Tel le Silver Surfer, le super-héros extraterrestre qui parcourt le cosmos sur sa planche, Wilkinson l’appréhende souvent comme rampe de lancement de ses explorations, sa meilleure alliée pour se frotter aux genres qui l’attirent.
Après avoir été branché par l’avant-garde ou le folk électronique, Bibio se sert désormais de sa guitare comme d’un passe-partout pour atteindre des trésors de groove. S’il a ses moments atmosphériques tels que Sharratt, beau comme du Durutti Column, BIB10 s’affirme comme un ensemble festif et partageur. Le funk irrésistible de S.O.L. avec le chanteur américain Olivier St. Louis – complice depuis The Serious EP de 2017 – possède ainsi la qualité d’un classique que des beatmakers devraient bientôt sampler avec bonheur.
Potion Soul, louchant au niveau de la production sur le Marvin Gaye des années 1980 – oui, celui de Sexual Healing – ou le jazz R’n’B de Cinnamon Cinematic réchaufferont quant à eux indéniablement l’atmosphère de cet automne. Ouvert par la pop entêtante de Off Goes The Light et clos par Fools, fondante sucrerie accueillant également la voix d’Olivier St. Louis, ce dixième album constitue un nouvel aboutissement.
BIB10 (Warp/Kuroneko). Sortie le 21 octobre.
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